jeudi 18 décembre 2008

Ce que vous n'avez pas vu à la télé

Le 16 décembre à Strasbourg, 15 000 travailleurs venus de toute l'Europe s'étaient donnés rendez-vous à l'appel de leurs syndicats pour protester contre la directive européenne qui prévoit de passer la durée maximale hebdomadaire de travail de 48 heures à 65 heures.
1 000 cégétistes participaient à ce rassemblement.
La télé "Sarkozienne" est déjà à l'œuvre

La France qui lutte

Pour terminer 2008 avec optimisme et préparer une rentrée fracassante en 2009, notamment avec le rendez-vous syndical interprofessionnel et national inédit du 29 janvier, il n'est pas inutile de livrer quelques réflexions sur les conflits et les formes d'actions à un moment où les jeunes lycéens viennent de contraindre Nicolas Sarkozy à reculer.



Une vérité pas bonne à dire : les conflits progressent

Pourquoi répète-t-on depuis des années que les grands conflits sociaux dans notre pays sont en diminution ? Pourquoi Nicolas Sarkozy se permet-il de dire effrontément "Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit" ?

Depuis plusieurs années, le ministère du Travail mesure la conflictualité en se contentant de comptabiliser le nombre de journées individuelles non travaillées pour fait de grève. Cette façon de voir les choses réduit le conflit uniquement à la grève, gommant ainsi toutes les autres formes de contestation sur le lieu de travail, comme la pétition ou la manifestation. Il y a divers moyens employés par les travailleurs pour exprimer leurs revendications et leur mécontentement.
Toutes ces formes d'action n'évoluent pas de façon identique. La seule à connaître un tassement est la grève de plus de jours. En revanche, toutes les autres formes d'action sont à la hausse.

L'industrie en tête de luttes

L'industrie demeure bien le lieu central d'éclosion des grèves et plus généralement des conflits du travail.
41,5 % des établissements de cette branche ont connu un conflit contre 30,1 % pour les établissements de services et 18 % dans la construction et le commerce.
La médiatisation de quelques luttes spectaculaires et les bouleversements économiques qui sont intervenus dans l'industrie pouvaient laisser croire que les conflits industriels se réduisaient à des actes sporadiques et désespérés pour le maintien de l'emploi. Il n'en est rien. Les occupations d'usines avec séquestration ou les menaces de destruction de biens, signes de la "désespérance" des salariés, demeurent exceptionnelles. La surexploitation de ces événements masque la diversité des motifs et des pratiques d'une contestation beaucoup plus ordinaire.

Des revendications multiples

Le caractère revendicatif du monde du travail n'a pas perdu de sa vigueur, même si la nature des revendications évolue nécessairement.
Ainsi, l'emploi occupe le 3ème rang. Cette revendication apparaît dans 21 % des conflits, alors que les salaires sont au cœur de plus de 50 % des luttes. Les revendications liées à la durée du travail interviennent pour 29 % dans les conflits.
Le refus d'effectuer des heures supplémentaires est le type de conflit qui a le plus augmenté comparativement aux années quatre vingt dix et deux mille. Alors du "travailler plus pour gagner plus" et de la mise à bas des 35 heures, cette situation ne manque pas de piquant !

Les formes de protestations varient selon la taille des entreprises et l'importance de la présence syndicale

Le secteur industriel demeure toujours le secteur le plus conflictuel, mais la façon dont on y proteste connaît des transformations. Un bon exemple en est fourni par le recours aux débrayages qui témoignent aussi bien de la mobilisation que du renouveau de ses techniques. Un arrêt de travail, même de très courte durée, peut avoir des répercussions sérieuses sur une production à flux tendu.
Comme par le passé, la taille des établissements et la présence syndicale jouent un rôle décisif dans le déclenchement des mouvements. Les entreprises connaissent une situation plus agitée quand elles sont dotées de délégués syndicaux. 50 % des entreprises déclarent un conflit lorsqu'il y a des syndicats, 20 % lorsque sont seulement présents des représentants élus et 15 % lorsqu'il n'y a pas de représentant. Voilà qui tord le cou à l'idée que les syndicats seraient devenus de simples appareils bureaucratiques détachés de leur base.
Enfin, une autre idée reçue prendra l'eau, celle qui faisait croire aux vertus purificatrices de la négociation et de la nécessaire adaptation des syndicats à des pratiques plus consensuelles. Les enquêtes montrent, au contraire, qu'une forte activité de négociation va de pair avec un haut niveau de conflictualité.
La négociation fait surgir le conflit et, inversement, le conflit crée les conditions de la négociation. L'opposition entre négociation et conflit, la première étant appelée à se substituer au second, relève d'une vue de l'esprit et ne résiste pas à l'épreuve des faits.

Les fausses vertus des méthodes de management

Les vertus supposées des différents outils de management battent aussi de l'aile. Ces derniers ont été employés pour, au gré des modes successives, assouplir des échelons hiérarchiques, accroître la motivation et l'initiative des salariés, ou encore renforcer la capacité de l'encadrement à identifier les attentes et les problèmes du personnel. Ils ont surtout été pensés comme des moyens de contourner les syndicats, de réduire leur influence et l'obtenir, par d'autres biais que la prescription stricte des tâches et la pression hiérarchique, des formes de consentement au travail.
Or, là encore, la réalité des relations sociales inviter à relativiser leur impact : les dispositifs visant à favoriser la "participation" des salariés ne provoquent pas une baisse de la conflictualité, au contraire, et cela est vrai indépendamment de la taille de l'entreprise, du secteur d'activité, de la présence ou l'absence de syndicat. Les établissements où se tiennent des réunions régulières avec les salariés (dans le cadre d'ateliers, de bureaux, de groupes de qualité, etc.) et où sont mises en œuvre d'autres techniques d'expression (boîtes à idées, enquêtes de satisfaction) déclarent plus de conflits, avec ou sans arrêt de travail, que ceux qui s'en abstiennent.

Les contestations individuelles et collectives

Parmi les formes de résistance, le recours au Conseil des prud'hommes reste un moyen complémentaire ou supplémentaire aux autres modes d'action.
Près de 200 000 saisines ont lieu chaque année, à l'initiative des salariés, le plus souvent conseillés, soutenus ou défendus par les syndicats.
Le recours aux prud'hommes est passé de 36 % à 42 % entre les années quatre vingt dix et deux mille. Cela témoigne de l'âpreté des relations de travail. On constate que les actions individuelles sont souvent associées fortement aux actions collectives sous forme d'arrêts de travail, de pétitions, de manifestations... Souvent une démarche individuelle peut constituer le préalable à une mobilisation collective qui prendra forme en raison d'un événement donné ou du rôle catalyseur joué par les syndicalistes.

lundi 15 décembre 2008

Répression syndicale à grande échelle

La Confédération Syndicale Internationale (CSI) vient de publier son dernier rapport annuel sur les violations des droits syndicaux, couvrant l'évolution de la situation dans 138 pays en 2007. Au total, 91 syndicalistes ont été assassinés dans le monde. Parmi eux, 39 en Colombie, et 30 en Guinée, lors de manifestations brutalement réprimées ; 73 syndicalistes ont été incarcérés, dont 40 en Iran 14 au Maroc, 7 en Birmanie. La CSI attire de nouveau l'attention dans ce rapport sur la situation spécifique des travailleurs migrants, souvent soumis à des abus criants et privés de tout droit de syndicalisation ou de représentation, et sur les nombreuses violations des droits des travailleurs dans les zones franches d'exportation. L'on doit en outre rappeler (même si ce n'est pas l'objet spécifique du rapport), que les syndicalistes subissent aussi, à l'instar d'autres défenseurs des droits humains, les violations massives des droits liées aux situations de dictature, de guerre, d'occupation...

Cri d'alarme pour le Secrétaire général de la CSI

La répression contre des activités syndicales légitimes garanties en vertu des conventions de l'OIT s'est poursuivie sans répit dans tous les continents. Le meurtre, la violence et la torture, outre le harcèlement, les licenciements illégaux et l'incarcération ont fait partie des procédés employés pour empêcher des travailleuses et des travailleurs de s'organiser en syndicats et d'entreprendre des négociations collectives pour des meilleurs salaires et conditions de travail. Plusieurs gouvernements se sont empressés de soutenir les employeurs. De façon détournée ou ouverte, dans leurs tentatives de bafouer les droits fondamentaux de leurs salariés.
Le Secrétaire général de la CSI s'alarme de ce que "les gouvernements ont négligés de faire le nécessaire pour protéger les droits des travailleurs, que ce soit à l'échelle nationale ou dans le cadre de leurs relations diplomatiques, économiques et commerciales internationales".

Syndicalisme en danger dans les Amériques

"La situation des syndicalistes sur le continent américain est dramatique", analyse la CSI. Cette partie du monde demeure la plus meurtrière pour les syndicalistes, principalement en Colombie, où 39 syndicalistes ont perdu la vie, et au Guatemala. Sur le continent, assassinats, enlèvements, menaces de mort, attaques et violations de domiciles sont légions, de même que licenciements arbitraires et transferts de dirigeants syndicaux, outre les interventions musclées de la police lors de mobilisations. Les plantations de bananes subissent fréquemment la répression antisyndicale. Les entreprises au sein des zones franches d'exportation respectent rarement les droits syndicaux les plus élémentaires. Aux Etats-Unis, la "guerre contre le terrorisme" a servi de prétexte aux restrictions des droits syndicaux et des campagnes hostiles sont souvent organisées contre l'établissement de nouveaux syndicats.

Répressions violentes en Afrique

La répression antisyndicale a frappé des dizaines de milliers d'hommes et de femmes "qui ne revendiquaient rien d'autre qu'un travail décent et un avenir pour leurs enfants", précise le rapport. "Le caractère antidémocratique de nombreux régimes politiques, l'absence d'état de droit ainsi que des législations du travail défaillantes ont permis à nombre de dirigeants et d'employeurs d'exercer une pression intolérable sur les syndicats et leurs membres". C'est notamment le cas en Guinée, où les violences policières ont fait entre autre 129 morts et 1700 blessés, lors de la mobilisation des centaines de grévistes suspendus, des dizaines licenciés, battus et arrêtés comme 22 femmes de mineurs. Au Mozambique, un gréviste a été abattu dans une plantation de cannes à sucre. Le contexte est marqué par la détérioration du climat social, la hausse du prix des denrées et services de première nécessité.
"En défiant les autorités pour défendre leur cause, beaucoup de travailleurs se sont exposés à les violences policières et des sanctions injustes, notamment au Burkina Faso, au Cameroun, en République démocratique du Congo, en Guinée-Bissau, en Côte-d'Ivoire, en Mauritanie, en Namibie, en Ouganda et en Tunisie. Avec des centaines de licenciements lors de la plus importante grève de l'histoire post-apartheid en Afrique du Sud, 1 000 mineurs renvoyés par le groupe canadien Barrick en Tanzanie et jusqu'à 34 000 grévistes saqués le même jour par un gouverneur au Nigeria" précise la CSI.

Europe : climat antisyndical

Si "l'Europe reste le modèle à suivre en matière sociale..., les droits syndicaux sont loin d'y être garantis. Ce phénomène est observé aussi bien dans les bastions traditionnel du syndicalisme en Occident que dans les économies en transition orientale".
"Le droit de grève a été mis à mal dans plusieurs états membres de l'Union européenne. Deux décisions de la Cour de justice européenne dans le cas Laval et Viking ont démontré que l'interprétation de la loi favorise rarement la protection des droits syndicaux et des travailleurs lorsque des intérêts commerciaux et sociaux entrent en conflit. En France, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a promulgué une loi limitant sévèrement le droit de grève dans le secteur des transports en communs. Même son de cloche en Belgique". Quant aux multinationales occidentales : "il n'est pas rare qu'elles affichent des attitudes antisyndicales en Europe orientale". Les travailleurs migrants font aussi l'objet de nombreuses discriminations.

Asie-Pacifique : Droits étouffés / Moyen-Orient : Répression massive

"Assassinats, passages à tabac, licenciements... De nombreux gouvernements et employeurs asiatiques ne reculent devant rien pour tenter de réduire au silence les syndicats". Le rapport de la CSI dénonce les pratiques "barbares qui ont frappé des dizaines de milliers de travailleurs asiatiques en 2007". Le Philipines sont l'un des pays où les violations sont parmi les plus graves sur le continent. En Chine, les tentatives d'action syndicale indépendante sont durement réprimées : "Des dizaines de militants et dirigeants syndicaux indépendants incarcérés au cours des dernières années sont restés en prison, dans les camps de rééducation par le travail et dans des instituts psychiatriques". Au Japon, l'interdiction de grève reste de mise dans la fonction publique. En Asie, le rapport accuse plusieurs multinationales pour violations des droits syndicaux, dénonce les restrictions au droit syndical dans les zones franches d'exportation et le manque de protections élémentaires pour les travailleurs migrants.
"Le Moyen-Orient reste une région très hostile à l'exercice des droits syndicaux", indique la CSI. En Iran, la répression anti-syndicale est massive et sévère. "Les nombreux travailleurs migrants restent privés de leurs droits les plus élémentaires, en particulier les travailleuses migrantes domestiques encore trop souvent victimes de conditions épouvantables". Progrès cependant : ces huit dernières années, Bahreïn, Oman, le Qatar, l'Arabie saoudite, le Yémen et les Emirats arabes unis ont introduit des législations du travail. Mais elles accusent encore de graves carences.

Le droit à la paresse

"Prêtant l'oreille aux fallacieuses paroles des économistes, les prolétaires se sont livrés corps et âme aux vices du travail, ils précipitent la société toute entière dans ces crises industrielles de surproduction qui convulsent l'organisme social. Alors, parce qu'il y a pléthore de marchandise et pénurie d'acheteurs, les ateliers se ferment et la faim cingle les populations ouvrières...". Ainsi écrivait, en 1883, le militant ouvrier Paul Lafargue. C'était l'époque du capitalisme triomphant, de la suprématie royale des banques ; mais aussi des tragédies de Courrières. Les travailleurs luttaient alors pour la journée de huit heures. Cent vingt ans après, où en sommes-nous ? "Travaillez plus, vous gagnerez plus", et de travailler le dimanche, et de supprimer des jours fériés, et d'emmener du travail à la maison. Le dieu Travail commande tout. Lafargue, reviens vite !

mercredi 10 décembre 2008

De l'argent, il y en a !

100 milliards mobilisables :

La CGT propose de promouvoir une plus grande efficacité budgétaire en réorientant 100 milliards d'euros de dépenses, effectuées certes au nom de l'emploi et de l'investissement, mais qui s'avèrent inefficaces, voire contre-productives. C'est le cas notamment des quelques 30 milliards d'exonérations de cotisations sociales, elles s'élevaient à 28,9 milliards d'euros en 2007, accordées aux entreprises. Non seulement elles ne génèrent que peu d'emplois mais, en abaissant le coût du travail, elles créent "une trappe à bas salaires" qui fait pression sur l'ensemble des rémunération et alimente l'insuffisance chronique de la demande. C'est aussi le cas des 70 milliards de cadeaux fiscaux généreusement accordés aux plus riches sous la forme de niches fiscales qui, pour l'essentiel, alimentent les marchés financiers. Ces sommes pourraient être plus utilement utilisées à l'abondement de fonds qui, sous le contrôle des salariés et de leurs représentants, financeraient un vaste plan de développement des qualifications et des projets d'investissements créateurs d'emplois. Elles permettraient aussi de satisfaire les dépenses sociales prioritaires.

Prud'hommes : la CGT en tête presque partout


Pains perdus

20 heures, j'entre chez Paul, la boulangère s'affaire : "Ras-le-bol de jeter ce pain tous les soirs", bazardant des dizaines de pains de campagne et de brioches fraîches. Et moi de m'étonner : "Mais pourquoi ne pas les donner ? Pas le droit de les donner, ni à vous, ni aux clochards, ni même de les emporter chez moi". Désabusée, elle finit par me fourrer discrètement dans un sac deux de ses pains condamnés. 20h05, même rue, un drôle de buffet s'offre à moi : des livres à volonté, eux aussi condamnés, mais que l'intelligence d'une association de quartier a su ramener à la vie. Circul'Livre récupère nos vieux bouquins pour les faire circuler entre habitants du quartier.
Mes deux miches et mon Dolto gratuits sous les bras, je rentre à la maison mi-figue, mi-raisin... Plutôt partager les livres que les jeter, plutôt jeter le pain que le partager. A quand l'intelligence de l'économie ?

Profiteurs

C'est décidé, cette année je vais donner un peu à ceux qui en ont besoin. Mais voilà, je suis un peu gênée... Je connais des gens qui ont des salaires décents, et qui sont en plus investis dans des associations (ils ont donc sans doute à cœur d'aider leur prochain à lutter contre les injustices de ce monde), et qui, pour "mettre du beurre dans leurs épinards", revendent plus cher sur Internet ce qu'ils achètent chez Emmaüs ! Après mûre réflexion, je crois que je ne suis pas gênée, je suis révoltée ! C'est là que j'ai un problème : à qui va profiter mon don ? Ils savent, eux, que certains n'ont même pas de quoi s'acheter des épinards ?

60 ans après, encore l'injustice, l'inégalité et l'impunité...

1948 - 2008,  la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme a 60 ans :

Six décennies plus tard, pour des millions de personnes, les promesses contenues dans les 30 articles de la Déclaration Universelle n'ont toujours pas été tenues. Ainsi, selon le Rapport 2008 d'Amnesty International :

  • Des cas de torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants ont été recensés dans plus de 80 pays 
  • Au moins 23 pays appliquent des lois discriminatoires à l'égard des femmes, 15, des lois discriminatoires à l'égard des migrants et au moins 14, des lois discriminatoires à l'égard des minorités ;
  • 54 pays sont encore le théâtre de procès inéquitables ;
  • Au moins 45 pays tolèrent l'emprisonnement de prisonniers d'opinion ;
  • 77 pays soumettent la liberté d'expression et la liberté de la presse à des restrictions.
Autant de chiffres qui sont la preuve qu'il nous reste beaucoup de travail et que notre combat doit continuer.

Des quatre coins de France contre Mittal

Les sidérurgistes CGT se sont donnés rendez-vous mercredi 10 décembre devant le siège d'ArcelorMittal France à Saint-Denis pour protester contre les mesures de chômage et les arrêts d'installations. Une délégation de salariés et de militants CGT de Gandrange et Florange sera présente. Des sidérurgistes de l'Est, du Nord, du Sud et du centre de la France, convergeront vers Paris. Ils entendent dénoncer les mesures anti-sociales prises par Mittal en rappelant les énormes bénéfices qu'il a empochés ainsi que la masse de dividendes distribués généreusement aux actionnaires qui profitent tous de la crise sur le dos des sidérurgistes !

Ceux qui nous pompent !

Aujourd'hui 50 dollars et peut-être encore moins dans les prochaines semaines. Le prix du baril de pétrole s'est effondré. En juillet dernier, après plusieurs mois d'une inflation galopante, il avait atteint le record historique de 150 dollars. Ce niveau était, aux dires des industriels et du gouvernement, le seul responsable de la hausse toute aussi vertigineuse du prix des carburants à la pompe, et du gaz.
Curieusement, la décrue des cours du pétrole n'a pas entraîné une baisse dans la même proportion des prix du super et du gazole. Quant au gaz, non seulement il ne baisse pas, mais les industriels du secteur veulent une nouvelle augmentation !

Ça ne gaze pas !

L'Etat et les pétroliers pompent le pouvoir d'achat

Alors que le prix du baril de pétrole a été divisé par trois depuis le pic de juillet dernier, le prix des carburants n'a baissé que d'environ 20 %. Les pétroliers ont-ils bien répercuté la baisse du prix du brut ? Oui, répond sans hésitation la ministre de l'Economie et des Finances.
Ces compagnies dégagent des bénéfices colossaux. Ainsi, au troisième trimestre, Total a engrangé 4 milliards d'euros.

Si ça va pour les pétroliers, ça gaze aussi pour les actionnaires de GDF

Entre 45,37 % et 68,52 %. C'est la fourchette dans laquelle a augmenté le prix du gaz, selon son utilisation, depuis 2005. Selon Gaz de France et le gouvernement, cette hausse est due à celle du prix du baril de pétrole sur lequel sont indexés les prix du gaz. L'Etat et l'entreprise se seraient contentés de répercuter la flambée du prix de l'or noir. Et insuffisamment, à en croire le PDG de GDF-Suez, qui réclame une nouvelle hausse, arguant d'un manque à gagner de plus d'un milliards d'euros.
La CGT énergie, qui revendique une baisse des tarifs réglementés au nom de la baisse des prix du brut, soutient que l'inflation tarifaire de ces dernières années nourrit surtout les dividendes des actionnaires de GDF-Suez. En 2007, pour la troisième année consécutive, le résultat brut d'exploitation progressait de plus de 10 %, alors que le résultat net atteignait 2,5 milliards d'euros. Malgré la "faiblesse" des tarifs réglementés, l'excédent brut de l'activité d'achat et de vente d'énergie a doublé, pour atteindre 1,075 milliard d'euros.

Stress au travail : un bon accord

Les cinq organisations syndicales (CGT, CFDT, FO et CFE-CGC) et les trois patronales (Medef, CGPME et UPA) ont signé le texte de l'accord sur le stress au travail finalisé le 2 juillet. Cet accord, qui transcrit en droit français un accord-cadre européen de 2004, vise à "augmenter la prise de conscience et la compréhension du stress au travail, par les employeurs. Les salariés et leurs représentants" et "attirer leur attention sur les signes susceptibles d'indiquer des problèmes de stress au travail". Le texte stipule notamment que, "dès qu'un problème de stress au travail est identifié, une action doit être entreprise pour le prévenir, l'éliminer ou à défaut le réduire". Il prévoit également que les partenaires sociaux ouvrent, dans les 12 mois qui suivent la signature de l'accord, une nouvelle négociation sur la question du harcèlement et de la violence au travail. 
Ces deux sujets, qui ne sont pas inclus dans le présent accord, font l'objet d'un accord-cadre européen, que les partenaires sociaux doivent transcrire également en droit français. Le texte ne prévoit pas une déclinaison obligatoire dans les branches professionnelles, mais précise que "des accords de branches ou d'entreprises ne peuvent déroger aux dispositions du présent accord que dans un sens plus favorable aux travailleurs".

lundi 8 décembre 2008

Progrès en voix, en pourcentage et en sièges

La CGT progresse en voix et en pourcentage aux élections prud'homales du 3 décembre 2008. Sur 90 % des votants, la CGT recueille plus de 1,7 million de voix.
C'est un message clair des salariés en direction des pouvoirs publics et du patronat pour que leurs droits soient respectés et leur situation améliorée, dans un moment où tout est fait pour leur faire payer la crise.
C'est la première fois depuis trente ans que la CGT enregistre un tel progrès qui se traduit dans toutes les sections et dans la quasi-totalité des départements. Avec 34,4 % des voix, la CGT atteint son meilleur score depuis vingt ans dans des élections prud'homales.
C'est d'autant plus significatif que la participation au scrutin connaît une nouvelle baisse, dont la responsabilité incombe très largement à des conditions particulièrement déplorables d'organisation du scrutin.
La CGT n'accepte pas la désinvolture avec laquelle cette élection, unique en son genre, a été organisée, pas plus que l'absence d'expression dans les médias, témoignant d'une crainte du résultat que pourrait donner une forte mobilisation des électrices et électeurs.
Ce résultat place la CGT très largement en tête de toutes les organisations syndicales. Cela lui confère des responsabilités importantes pour construire une démarche syndicale soucieuse du rassemblement et de l'unité d'action.
La CGT entend plus jamais aller à la rencontre des salariés et construire avec eux et avec elles le syndicalisme conquérant, offensif, rassembleur et démocratique qu'ils viennent d'encourager.

Les patrons repartent en guerre

A moins de deux mois de l'ouverture des négociations cruciales, portant sur les régimes complémentaires obligatoires des salariés du privé (ARRCO et, pour les cadres, AGIRC), le patronat vient d'afficher clairement ses intentions. Les pourparlers ont pour but d'assurer l'équilibre à long terme de l'ARRCO et de l'AGIRC.
Aujourd'hui encore excédentaires, ces deux régimes seront confrontés, dans les prochaines années, à un problème de financement, du fait de la montée en puissance du nombre de pensionnés.
Le Medef affirme déjà haut et fort qu'il est hors de question d'augmenter les cotisations. Ne resteraient alors plus que deux options : réduire le rendement des régimes (qui a déjà été sensiblement diminué, sous la pression patronale, lors de précédentes négociations) ou reculer l'âge. Le Medef veut maintenant passer à la seconde. "Il faut dédramatiser les 60 ans" réclame-t-il.

La remise en question des 60 ans

Concrètement, le Medef se prépare à remettre en question le dispositif particulier, baptisé AGFF, qui permet de financer le droit à la complémentaire à partir de l'âge de 60 ans et jusqu'à 65 ans. Il faut rappeler en effet que le patronat n'a jamais accepté que l'âge légal du départ soit fixé à 60 ans. S'il n'a pu empêcher la mise en œuvre de cette réforme, en 1981, pour le régime général, dont le sort est fixé par le pouvoir législatif, il a réussi à empêcher son application pour l'ARRCO et l'AGIRC, qui sont, eux, gérés paritairement par syndicats et patronats. Pour la complémentaire, l'âge de départ reste donc établi à 65 ans. Tout juste, le patronat a-t-il consenti à mettre en place l'AGFF, un accord temporaire (l'actuel vient à expiration en mars 2009), prévoyant une cotisation spécifique, remise en cause à chaque séance.
"On aura une négociation difficile. On peut très bien ne pas maintenir l'AGIFF" proclame ainsi le négociateur en chef du Medef. Or, si l'AGFF disparaissait purement et simplement, les assurés partant en retraite avant 65 ans subiraient une décote allant jusqu'à 22 % sur leur pension complémentaire. Pour parvenir à ses fins, le patronat, qui juge "raté" le rendez-vous de 2008 sur les retraites, met la pression sur le gouvernement pour qu'il s'engage en faveur d'une "remise à plat de l'ensemble du système de retraites", à l'horizon 2010. Comprendre : qu'il se décide enfin à faire sauter le "verrou" des 60 ans.

Une de plus, de pas tenue !

Comme pour Gandrange, Nicolas Sarkozy n'aura pas tenu sa promesse pour ses "sans-toit". C'était il y a deux ans :

"Je veux, si je suis élu président de la République que, d'ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid, parce que le droit à l'hébergement, c'est une obligation humaine. Si on n'est plus choqué quand quelqu'un n'a pas un toit et qu'il fait froid, et qu'il est obligé de dormir dehors, c'est tout l'équilibre de la société où vous voulez que vos enfants vivent en paix qui s'en trouvera remis en cause".

Victoire pour la CGT

Quand il y a de bonnes nouvelles, ne faisons pas la fine bouche.
La CGT a remporté la première manche de la bataille juridique qui l'oppose depuis plusieurs mois à la direction de Goodyear Tires France. Le tribunal de Nanterre a en effet jugé que les procédures légales du plan social, décidé en juillet après l'échec des négociations sur la mise en place des 4 x 8 dans l'entreprise, n'avaient pas été respectées. Le plan prévoyait notamment la suppression d'ici à la fin de l'année, 402 postes sur le site d'Amiens-Nord (ex. Goodyear).
Ce jugement oblige la direction à renégocier un second plan social.
La CGT promet d'autres batailles juridiques.

Discriminations : la Halde engrange le succès

La Halde se félicite de plusieurs récentes décisions de justice condamnant des employeurs pour discriminations suite à ses observations ou son intervention. Trois semaines après la condamnation par le tribunal correctionnel de Paris d'une boulangère pour discrimination raciale à l'embauche, le conseil de prud'hommes de Nanterre vient de condamner une société à verser à une salariée 13 800 € d'indemnités pour licenciement sans cause réelle et sérieuse et 9 200 € de dommages et intérêts pour discrimination fondée sur la situation de famille (absence de promotion liée à des congés parentaux). La troisième condamnation (15 060 € de dommages et intérêts) a été prononcée par le conseil de prud'hommes des Sables-d'Olonne le 12 novembre à l'encontre d'une société coupable de discrimination liée à l'état de grossesse. La Halde indique par ailleurs que depuis sa création, elle a reçu plus de 150 réclamations liées à la grossesse dont une centaine en 2008. Selon les plaintes reçues, les femmes enceintes discriminées ont été confrontées à différentes situations : licenciement, non-renouvellement de CDD, rupture de période d'essai, ou, cas très fréquent, retour de congé de maternité "très difficile" avec perte de responsabilités, voire suppression des primes associées. 

Décalage

Projet de loi pour entrer plus tard à la maternelle : avec l'âge de la retraite qui avance, c'est normal qu'on décale tout !

jeudi 4 décembre 2008

L'église au milieu du village

En proposant de porter l'indemnisation du chômage partiel à 80 % de la rémunération nette au lieu de 60 %, le groupe ArcelorMittal laisse à penser qu'il est généreux.
Il faut savoir que dans cette indemnisation l'Etat intervient à hauteur de 50 %. Donc, c'est le contribuable salarié qui se paie en très grande partie les conséquences des décisions de Mr Mittal
Rappelons tout de même qu'avec 8 millions de bénéfice net sur 9 mois, des stocks-options et des dividendes versés à la pelle, Mittal peut indemniser le chômage à 100 %. De plus, il ne faut pas perdre de vue qu'aujourd'hui on parle d'un surplus de stocks, alors que dans le cadre de la loi TEPA, on a recouru aux heures supplémentaires comme jamais. Le fameux "travailler plus pour gagner plus" du président Sarkozy se traduit maintenant par chômage, arrêts de production et gagner moins !
De la même façon, il est fort de café de s'étonner que la demande par la consommation ne reparte pas. Tout a été fait, partout et chez Mittal en particulier, pour limiter les augmentations générales de salaire à 1 %, soit 2 à 3 % de moins que l'inflation.
Bas salaire et heures sup : deux maux dont on peut mesurer les effets aujoud'hui.

Acierix en a ras-le-bol du cinéma !

J'ai appris, sans que cela ne soit confirmé, que Ségolène Royal reviendrait à Gandrange, puis à Florange et rencontrerait les syndicats.
A quel titre, on se le demande ? Et surtout pour faire quoi ? Rien, mais faire du cinéma face aux médias comme d'habitude !
J'en ai ras-le-bol de ces visites pour se faire mousser. Ça ne sert strictement à rien. En plus, ça me tape sur les nerfs.
A bon entendeur, salut !

75 % et 34 %

La CGT redoutait une forte abstention aux élections prud'homales. Elle a eu lieu ! Près de 75 % des inscrits ont boudé l'élection. C'est pire que les précédents suffrages. Faut dire que tout a été fait côté gouvernement, côté patronat et côté médias pour faire le moins de publicité possible sur ce rendez-vous important.
Remarquons tout de même que quand les élections se déroulent sur le lieu de travail, le taux de participation atteint 50 % et plus.
Ceci étant dit, une grande satisfaction est ressortie des résultats. La CGT progresse et arrive largement en tête avec 34 % devant la CFDT 22 % et FO 16 %. Les petits syndicats, de plus en plus nombreux, suivent.

Pan, sur le bec !

En donnant plus de poids à la CGT, les salariés ont voulu choisir plus de conseillers prud'homaux CGT mais aussi adresser un message fort au gouvernement et au patronat : halte à votre politique sociale désastreuse. Voilà ce qu'ils ont dit en votant CGT. Les travailleurs souffrent beaucoup de la crise et de tous ces mauvais coups que ne cessent de leur adresser les patrons et Nicolas Sarkozy.
En plaçant la CGT en tête de ces élections, les salariés veulent une CGT combative.
La CGT ne les décevra pas.

Le 10 décembre à Paris contre Mittal

La multiplication des arrêts de production, le gel des salaires et des investissements, la perspective du chômage partiel et maintenant l'annonce de 9 000 suppressions d'emplois dans le groupe ArcelorMittal appellent une réponse forte de la part des sidérurgistes. C'est le sens de l'appel lancé par la CGT pour une manifestation à Paris le 10 décembre prochain pour aller protester contre la politique de Mittal. Des bus sont mis à la disposition des salariés de Florange et de Gandrange.

SUS au travail du dimanche !

La CGT vient de déposer plusieurs milliers de pétitions contre le travail du dimanche. La CGT est opposée à cette nouvelle déréglementation qui aura des conséquences désastreuses non seulement pour les salariés du commerce et des services mais également pour l'ensemble des citoyens.
La CGT dénonce les arguments "fallacieux" et "trompeurs" avancés par le gouvernement. Selon elle, l'ouverture généralisée des commerces le dimanche ne créera ni emploi, ni augmentation, ni majoration salariale, ni croissance et cela n'améliorera ni la vie familiale ni la cohésion sociale. Comme la retraite à soixante-dix ans et les heures supplémentaires, le gouvernement parle de volontariat. Cette notion est devenue le cheval de Troie à partir duquel on attaque les droits des salariés, estime la CGT.
La CGT a adressé une lettre ouverte au président de la République appelant à un grand débat national sur le sujet. L'enjeu : sensibiliser les parlementaires à ne pas voter une loi ficelée dans l'urgence pour répondre à quelques lobbies de grandes enseignes.

Inacceptable pour la F.E.M.

La suppression de 9 000 emplois décidée par ArcelorMittal, dans le cadre d'un plan de réduction des coûts est tout à fait inacceptable déclare la Fédération Européenne des Métallurgistes.

Et de poursuivre :

"ArcelorMittal n'est pas une entreprise en crise. Pour les neuf premiers mois de 2008, les 8 milliards de profit démontrent l'excellente santé du plus gros producteur d'acier au monde. La réduction de la production durant les derniers mois est largement imputable à la décision de la direction de maintenir les prix des produits de l'acier et non pas à une réduction des marchés.
Alors que les salariés sont confrontés à une période de forte incertitude, la FEM rejette l'utilisation de la crise actuelle pour mettre en place des plans de restructuration massifs sans réelles justifications.
Pour la FEM, ArcelorMittal ne doit pas alimenter le climat d'insécurité actuelle et encourager la baisse du pouvoir d'achat dans un contexte de crise de confiance des consommateurs, alors que les syndicats tentent de trouver des solutions pour éviter une longue dépression économique.
La FEM demande à ArcelorMittal de prendre ses responsabilités vis-à-vis de ses salariés qui sont à l'origine des bénéfices importants engrangés par le groupe ArcelorMittal durant ces dernières années. La FEM rejette toute décision unilatérale de cette nature de la part de la direction.
La FEM va rapidement convoquer une réunion de coordination syndicale sur ArcelorMittal afin d'assurer une réponse coordonnée à cette annonce".

lundi 1 décembre 2008

Mittal passe à la vitesse supérieure !

C'est avec une concertation parfaite entre les patrons et le gouvernement que l'on pousse en même temps, au même moment, la même chansonnette : la crise s'aggrave, la production ralentit, les stocks augmentent, le chômage progresse, etc., etc... et de poursuivre : "pour éviter le pire, il faut améliorer l'indemnisation du chômage partiel, cela vaut mieux que des licenciements". Discours tenu par le président de la République et repris en cœur par les patrons dont Mittal qui vient d'adresser à "ses chers employés" une lettre émouvante à vous fendre le cœur et à vous inviter à faire... la révolution !

Mittal sort son mouchoir

Mittal s'adresse à "ses chères et ses chers collègues" en exprimant d'entrée que "c'est avec regret que nous vous écrivons..." en évoquant la crise qui a aujourd'hui un impact majeur sur le secteur sidérurgique".
Mittal rappelle les mesures déjà prises (arrêt de production, mise en CP et RTT forcés...) pour poursuivre en disant que ces mesures ne suffisent pas et que la décision a été prise de "lancer un plan de départs volontaires au niveau du groupe" qui concernera 9 000 suppressions d'emplois et Mittal n'hésite pas à dire "cette décision n'a pas été facile à prendre...".
Avec une fausse pudeur, Mittal poursuit "nous réalisons que cette annonce pourra apparaître dure compte tenu des bons résultats (SIC)... Cependant, nous devons malheureusement nous concentrer sur les réalités actuelles (lesquelles) bien différentes de celles que nous avons connues"
Mittal ajoute une petite couche de commisération : "cette décision ne remet pas en cause le professionnalisme et le dévouement de nos collaborateurs" et sans une larme, Mittal conclut : "... nous sommes vraiment navrés à l'idée de perdre certains de nos salariés", "... nous demandons la compréhension et la patience de chacun...".

La réponse du berger à la bergère

Il y a la crise dont les causes sont à chercher parmi les grands spéculateurs et les grands capitalistes dont Mittal figurent parmi les plus puissants. Ceci étant dit, il faut savoir que l'impact de cette crise sera seulement de l'ordre de 5 % de baisse de production pour la sidérurgie en 2009. Alors pourquoi une telle régression, une telle récession et un tel dégraissage  ?
Pour la CGT, Mittal profite de la crise pour se restructurer, se redéployer, accélérer ses synergies et réduire fortement ses frais de gestion. Mais avec en tête de maintenir un même niveau de prix de vente et un même niveau de dividendes (voire plus) à la sortie de la crise, d'où la réduction des stocks et la baisse de production. Autrement dit, Mittal reste un groupe dominant et compte le rester longtemps.
Il est particulièrement révoltant de constater que ces mesures de récession sont prises au moment même où Mittal affiche un bénéfice net de 8 milliards d'euros pour les neuf premiers mois de l'année, c'est un bénéfice net supérieur de 500 millions d'euros à celui de 2007 !
Il faut bien avoir aussi à l'esprit que la demande d'acier, même en connaissant un ralentissement conjoncturel, connaîtra une croissance continue pour les deux prochaines décennies. La règle capitaliste est immuable pour, en temps de crise et de non-crise, faire payer la note au monde du travail.

Mittal tente une opération camouflage

Pour répondre à la baisse de la demande commerciale, Mittal a choisi pour 2008 la prise de CP, la prise de RTT, l'utilisation du compteur temps et de fournir quelques occupations au salariés... Voyant la crise se poursuivre en 2009, Mittal met déjà en condition les sidérurgistes en indiquant que les mesures appliquées en 2008 ne suffiront pas en 2009 et d'invoquer le recours au chômage partiel. Pour faire bonne figure et devancer la critique, Mittal promet que le chômage partiel sera indemnisé totalement à 70 % du salaire brut contre 50 % actuellement. C'est le moins qu'il puisse faire ! Quoiqu'il en soit, les sidérurgistes ne sont pas à l'abri de mesures plus sévères encore à moins que, collectivement, ils réagissent en exigeant que ce soit Mittal, ses dirigeants et ses actionnaires qui paient la note et cessent de s'engraisser sur leur dos.

Intérimaires : la Direction recule

A force d'interventions de la CGT auprès de la Direction de Gandrange concernant le sort injuste fait aux intérimaires, celle-ci a enfin reculé. La Direction a décidé de maintenir ces salariés précaires jusqu'au 19 décembre avec l'engagement de reconduire certains contrats au mois de janvier 2009.

Un petit plus

Bien consciente d'un pouvoir d'achat qui souffre, la Direction s'est voulue généreuse en décidant de prendre en compte la totalité de l'augmentation de la restauration jusqu'à fin 2009. Un petit pas dans ce contexte de mauvais coups.

Un verre : bonjour les dégâts

Chez Mittal, on peut trinquer mais surtout ne pas boire, même aux grandes occasions. Il est de tradition centenaire dans la sidérurgie, de fêter les départs en retraite. Mais voilà, le temps des pots est fini. Il ne s'agit pas d'encourager la consommation d'alcool, mais seulement de tolérer qu'un événement comme un départ à la retraite soit fêter entre collègues. Les faits qui suivent se sont déroulés dans une usine du groupe ArcelorMittal à Gueugnon :

"Des salariés viennent d'être sanctionnés par 3 jours de mise à pied pour avoir tenté d'arroser un départ en retraite. Les faits se sont produits en fin de poste. Quatre dangereux individus ont été interpellés dans leur vestiaire par un courageux responsable dont nous tairons le nom.
Les quatre individus ont été surpris face à une bouteille dont nous tairons la marque et dont le contenu reste un mystère ! En effet, notre courageux responsable, après avoir neutralisé les malfrats, a réussi à s'emparer de l'objet du délit, laissant les dangereux individus sans voix. Il faut dire que cet acte d'une bravoure hors norme a littéralement paralysé d'admiration les contrevenants. Depuis, la bouteille a disparu. Que contenait-elle ? Qu'est-elle devenue ?
Cela restera un grand mystère presque aussi grand que celui des camions remplis d'inox qui partaient de l'usine sans être payés... Après plusieurs années d'enquête, d'audit, aucun coupable. Pas le début du démantèlement d'un réseau, rien, nada, peau de balle... Nous attendrons aussi le dénouement de l'affaire des produits toxiques de Dunkerque avec intérêt...
Mais heureusement, tout le monde ne passe pas à travers les mailles du filet. Alors méfiance, ce n'est pas parce qu'on ne retrouve pas la trace d'un camion rempli d'inox qu'on n'est pas capable de vous virer pour un arrosage de retraite, un rouleau de scotch ou un morceau de tôle...
Vous avez dit deux poids, deux mesures... Mais non, mais non ! Voyons, il s'agit simplement d'appliquer le règlement intérieur...
Et bien, la CGT, consciente que notre valeureux héros du mois a sans doute besoin d'aide face à tous ces individus qui ne respectent rien, qui bafouent le règlement, qui s'en foutent même comme de leur première "bibine".
Et bien OUI, la CGT va aider notre courageux "petit chef" à faire respecter le droit "stricto sensu", dans toute sa splendeur : du Code du travail, du respect des consignes, on va en bouffer dans ce secteur, à en vomir sans un seul gramme d'alcool dans le sang...
Il faudra, dans un premier temps, que notre chevalier blanc du règlement intérieur s'explique sur une pratique complètement illégale qui consiste à pointer un salarié en formation plusieurs semaines de suite sans qu'aucune formation ne lui ait été dispensée. Cela, apparemment dans l'objectif de recruter un intérimaire sur un motif futile !
Comme on dit au Gabon : Quand on avale une noix de coco, il faut faire confiance à son anus..."