jeudi 28 janvier 2010

Enquête CGT : les travailleurs expriment leur mal-être

L'enquête lancée par la CGT a permis au personnel de confirmer ce que la CGT a constaté tout au long de l'année 2009. La grande majorité est mécontente de sa situation et inquiète pour l'avenir de l'entreprise

Des résultats qui en disent long

Les paroles des salariés au LCB



La CGT s'adresse à la direction générale


Autres nouvelles

Emploi des seniors : accords à la va-vite
Plus de 8 000 entreprises et 80 branches ont finalisé un dispositif en faveur des seniors. Pour la CGT, la qualité des accords passés "fait débat". La CGT dénonce un "coup d'épée dans l'eau". Elle estime que les accords ne sont "pas assez contraignants" et qu'ils ont été bâtis en urgence uniquement pour éviter de payer la taxe.

1,2 % pour les cadres de la métallurgie
Un accord a été signé avec l'UIMM sur les appointements minimaux des ingénieurs et cadres en 2010. L' UIMM propose une hausse de 1,2 % sur l'ensemble des cœfficients de la grille. Les organisations syndicales CFDT et FO ont donné un avis favorable. La CFE-CGC et la CFTC consultent. La CGT n'a pas signé.

La pyramide des âges à Gandrange
19 % du personnel a moins de 30 ans
27 % entre 30 et 39 ans
19 % entre 40 et 49 ans
11 % entre 50 et 54 ans
24 % de plus de 55 ans.

Mittal s'installera en Inde
ArcelorMittal investira 4,5 milliards d'euros dans de nouvelles installations en Inde. Le groupe de Lakshmi Mittal signera en juin un accord pour la construction d'un site dans le sud-ouest de l'Inde, représentant une capacité de production annuelle de six millions de tonnes.

Le self de Gandrange cherche une solution pour s'en sortir
La situation du restaurant d'entreprise a été examinée par la commission self le 19 janvier dernier. Il apparaît une baisse sensible de la fréquentation entre septembre 2008 et septembre 2009. 360 repas/jour contre 250 désormais. Le nombre d'usagers extérieurs est supérieur à celui de l'entreprise, 55 % contre 45 %. La société Sodex'o recherche des solutions pour remédier à la situation. Elle a fait appel à des entreprises extérieures voisines qui représenteraient une centaine de personnes. Une étude est en cours pour la construction d'un restaurant ouvert sur l'extérieur et intérieur. Par ailleurs, la CGT a proposé d'offrir la possibilité au personnel posté de bénéficier du self. Le débat est ouvert.

La justice pour les gros !
C'est une décision qui va frapper les esprits. La justice française vient de diviser par huit le montant de l'amende qui avait été imposée voilà un peu plus d'un an à 11 entreprises de négoce de produits sidérurgiques pour atteinte à la concurrence. Dans un arrêt rendu le 19 janvier, la Cour d'appel de Paris a ramené le montant de l'amende de 575 millions d'euros à seulement 72 millions d'euros. ArcelorMittal figure parmi les 11 entreprises concernées.

Nicolas Sarkozy à Davos : encore des fanfaronnades ?

Le forum économique de Davos s'est ouvert hier, le 27 janvier. Il a rassemblé les 1 000 plus grandes multinationales, des chefs des Etats les plus riches, et a invité qui bon lui semble. Il a réuni les principaux responsables de la crise qui ont impulsé le néolibéralisme et la dérégulation des marchés depuis quarante ans. Ce club des plus riches comprend entre autres les plus grandes banques, sauvées par le contribuable et affichant à nouveau des bénéfices indécents. Le forum de cette année s'est donné comme thème "Améliorer l'état du monde", avec comme sous-titre implicite "pour que les affaires continuent".
Pour la première fois, un président de la République s'est rendu au forum pour y prononcer le discours inaugural. Ce faisant, Nicolas Sarkozy légitime le rôle de directoire mondial que se donne ce club très sélect. Suite à l'échec du sommet de Copenhague, il poursuit son entreprise de remise en cause des Nations unies. Cette instance est certes imparfaite et à réformer ; elle est pourtant la seule qui regroupe l'ensemble des pays du monde et qui est fondée sur la reconnaissance des droits humains.
Nicolas Sarkozy y a prononcé un discours fort sur les dérives du capitalisme. La finance mondiale n'a pourtant pas de quoi trembler. Car nous attendons toujours les actes concrets suite aux grands discours. Le Parlement, sous pression du gouvernement, a repoussé en décembre la taxation des bénéfices des banques. Les annonces de démantèlement des paradis fiscaux, de taxation sur les transactions financières et de mise au pas des banques sont restées lettre morte, à part une taxe sur les bonus des traders qui a fait sourire les banquiers. En même temps, Nicolas Sarkozy continue ses réformes fiscales au service des plus riches. Il accentue son offensive contre les services publics et les droits sociaux, bientôt les retraites.
Parce qu'ils ne croient pas aux "discours forts" mais à la mobilisation des citoyens, de nombreux mouvements et associations se réuniront les 29 et 30 janvier à Bâle. Cet "autre Davos", organisé par Attac Suisse, débattra de façon ouverte des alternatives à la crise globale pour penser le monde autrement que les élites financières et leurs mandants. Depuis dix ans, ce n'est pas Davos qui éclaire les enjeux pour l'humanité : c'est, au même moment, la rencontre des mouvements dans les forums sociaux du monde entier.

mardi 19 janvier 2010

Urgence Haïti : la CGT lance un appel à la solidarité

La CGT avec l'Avenir social lance un appel urgent à la solidarité de ses organisations, de ses adhérents, des salariés envers le peuple d'Haïti, victime d'un terrible tremblement de terre qui a détruit la plus grande partie de Port au Prince, la capitale.
La détresse chronique des Haïtiens est immense : à l'extrême pauvreté, qui affecte 80 % de la population, ayant moins de deux dollars par jour pour vivre, se surajoutent les destructions dues aux cyclones et inondations de l'an dernier, qui avaient fait un million de sans abris.
Les pertes en vies humaines et la destruction d'infrastructures et d'activités économiques, que la sortie de l'instabilité politique avait permis de construire ou relancer au prix de grands sacrifices de la population, ont déjà des conséquences dramatiques pour ce pays, le plus pauvre des Amériques.
Face à cette tragédie, Haïti a besoin d'une aide internationale à la hauteur non seulement des besoins humanitaires immédiats, mais aussi pour reconstruire le pays et le sortir de la pauvreté chronique.
La CGT, avec l'Avenir social comptent sur une réaction rapide et massive à et appel à la solidarité que nous lançons.

Adressez vos dons par chèque à l'ordre de :

L'Avenir social - solidarité Haïti
263, rue de Paris
Case 419
93514 Montreuil cédex

Gandrange : 2010 ne devra pas ressembler à 2009


La CGT ouvre le dialogue avec les travailleurs

L'année 2009 a été une mauvaise année sociale pour tous les salariés de Gandrange. L'ambiance a été pourrie par la permanence du chômage partiel, l'imposition des CP et repos, la mauvaise organisation du travail, le gel des salaires et la situation douloureuse du personnel détaché et muté. Les collectifs de travail ont éclaté, les revendications ont été étouffées. A cela s'est ajoutée l'absence d'interlocuteurs à la hauteur de la situation du côté de la Direction.
Des dirigeants autoritaires ne possédant pas le sens du dialogue social ont pris la direction du site en créant des tensions permanentes avec la CGT. Ces dirigeants, insensibles à la détresse des hommes et ignorant tout de l'histoire sociale et industrielle du groupe, n'ont pas favorisé la recherche de solutions.
2010 ne peut pas ressembler à 2009 !
Tout doit changer ! Bien entendu cela ne se fera pas tout seul. La CGT est décidée à agir dans ce sens mais avec vous. Auparavant, il faut que l'on fasse le point ensemble et savoir où vous en êtes dans votre tête et dans votre volonté d'agir. L'année 2010 peut être aussi exécrable que 2009 si la CGT et vous ne décidons pas de changer l'ambiance et d'imposer d'autres orientations sociales à la Direction. Ce questionnaire est l'occasion de dialoguer avec la CGT

Grève à Annaba

7 200 sidérurgistes du complexe sidérurgique d'Annaba en Algérie, une usine du groupe ArcelorMittal, sont en arrêt de travail illimité.

"A l'origine de ce mouvement, l'arrêt pour cause de danger de l'unité cokerie, vieille de trente ans, et que la direction d'entreprise refuse de rénover comme elle s'y était engagée. Le syndicat d'entreprise en appelle à l'Etat, qui détient 30 % du capital, afin qu'il intervienne. La fermeture définitive de la cokerie risque d'entraîner, selon les syndicalistes, un réduction du plan de charge de l'entreprise avec, à la clé, une compression d'effectif, alors qu'ArcelorMittal a enregistré fin 2009 des résultats bénéficiaires sur son site algérien. Le syndicat a, en outre, rejeté le plan d'investissement d'Arcelor sur quatre ans (2010-2014), d'un montant de 200 millions de dollars, le jugeant insuffisant. Le complexe sidérurgique, ainsi que ses unités de dépôt, points de vente et installations portuaires (sites d'exportation) sont totalement paralysés par la grève.
Ce conflit survient alors que les 11 000 salariés de la SNVI (véhicules industriels) et d'autres entreprises situées dans la zone industrielle d'Alger, sont en grève depuis le 3 janvier. Ils occupent la rue et dénoncent la "compromission" de l'UGTA, la centrale syndicale algérienne, et fustigent l'indifférence des pouvoirs publics. "On débourse des milliards dans l'instrumentalisation du football à des fins politiques et on laisse mourir de faim les travailleurs", s'indignent les ouvriers. La CGT a exprimé sa solidarité avec les travailleurs algériens.

Mittal présente ses vœux

Comme la tradition le veut, le président du groupe ArcelorMittal, Lakshmi N.Mittal a adressé ses vœux pour 2010 à ses "chères" et "chers" collègues.
En voici les termes :

"Tout d'abord, je voudrais vous adresser, au nom de la Direction générale et en mon nom propre, nos meilleurs vœux de bonheur, santé et sécurité à vous et votre famille à l'occasion de cette nouvelle année. Que les fêtes de Noël soient célébrées dans votre pays ou non, que ce moment de relâche vous aura permis de passer quelques instants agréables avec vos proches et que vous soyez aujourd'hui bien reposés (lePDG ne manque pas d'humour. Une semaine par mois, le reste du temps au chômage) pour entamer l'année 2010 avec un nouvel élan.

2009 a été une année difficile (humour quand tu nous tiens une année difficile pour Mittal et les acteurs. Quant aux salariés ça a été le bonheur), non seulement pour ArcelorMittal, mais pour tous les acteurs économiques de par le monde. Il est donc naturel que nous soyons plus heureux que jamais d'avoir laissé derrière nous l'année 2009 pour commencer un nouveau chapitre de notre histoire. Je voudrais néanmoins profiter de l'occasion pour souligner rapidement quelques accomplissements que nous avons réalisés en tant que Groupe en 2009 : nous avons avant tout fait preuve d'une grande flexibilité opérationnelle et d'une immense rapidité en mettant en œuvre différentes mesures destinées à réduire nos coûts. Cela nous a permis de consolider nos bilans financiers, d'augmenter considérablement nos liquidités et d'alléger notre dette nette. Ensemble, nous avons accompli des avancées significatives en termes de réduction de coûts, tant à titre temporaire que permanent. Ces exploits témoignent d'un niveau de maturité croissant dans notre façon de gérer nos affaires et de l'immense vivier de compétences dont nous disposons au sein du Groupe. Nos efforts et notre engagement au cours de l'année écoulée ont porté leurs fruits et se doivent d'être reconnus. Je voudrais donc remercier et féliciter chacun de vous pour le travail accompli en 2009.

Chaque nouvelle année nous offre l'opportunité de regarder vers l'avenir (c'est les travailleurs de Gandrange qui doivent regarder vers l'avenir. Mais quel avenir ?). Aujourd'hui, c'est sur l'avenir que nous devons concentrer nos efforts. Certes, nous ignorons encore ce qu'il nous réserve. Nous ignorons également, alors que nous remontons la pente, si le chemin sera encore long. Mais notre position actuelle nous permet de dire avec la plus grande certitude que le pire est maintenant derrière nous.

Nous sommes le numéro un mondial de la sidérurgie mais nous devrons continuer à nous adapter en vue de préserver notre position de læder. Nous sommes aujourd'hui plus agiles, plus puissants et plus efficaces que nous l'étions depuis 2008. Ainsi, nous sommes bien placés pour réagir lorsque la situation économique sera complètement rétablie. Nous devons néanmoins continuer à développer notre compétitivité et devrons dès lors axer nos efforts de croissance sur les pays en voie de développement (on ferme dans les pays développés et Mittal va où la surexploitation est aisée), tout en optimisant notre efficacité dans les pays développés. Les événements survenus en 2009 nous ont portés à remettre en question nos activités et la direction que nous avions suivie jusqu'alors. Or, ce sont ce type d'évaluations périodiques qui permettent à une entreprise de demeurer en bonne santé et de surmonter les aléas de la vie économique. L'année 2010 nous offrira une plateforme sur laquelle nous pourrons mettre en pratique ce que nous avons appris au cours des 12 derniers mois.

Ce qui m'anime, c'est de savoir que nous construisons en ce moment même l'architecture durable d'une entreprise mondiale de laquelle dépendent des centaines de milliers de personnes. En effet, nos activités et la façon dont nous les exerçons ont un impact considérable sur de nombreuses personnes tout au long de la chaîne logistique, sur les communautés qui nous entourent, sur les clients, sur les industries auxiliaires et sur chacun de vous. Nous devons donc être à la hauteur des valeurs (vos valeurs ne sont pas les nôtres) que nous avons choisies pour ArcelorMittal. Nous voulons être une entreprise audacieuse et intelligente à la fois, une entreprise capable de créer de la valeur tout en maîtrisant ses coûts, une entreprise intègre qui soit à la fois respectueuse et respectée.
Nous devrons faire face à une série de changements et d'obstacles, mais des opportunités s'offriront également à nous. La tâche sera ardue, mais la récompense sera d'autant plus grande.

J'ai toujours affirmé qu'à la base d'ArcelorMittal, il y a l'ensemble de ses employés. Des personnes qui désirent travailler pour une entreprise tenant un rôle important au sein de la société et de l'économie mondiale, une entreprise dont l'objectif est de "transformer l'avenir" à travers ses valeurs de Développement Durable, de Qualité et de Leadership. Des personnes qui croient en la vision à long terme de notre Groupe. Voilà pourquoi je vous demande aujourd'hui de joindre vos forces à celles de vos collègues et de toutes nos parties prenantes avec un seul objectif à l'esprit : forger le meilleur avenir possible pour ArcelorMittal (sans commentaire)".

Les vœux d'Acierix



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En vue de nombreuses manifestations qui vont ponctuer le premier semestre 2010, la CGT propose trois modèles de tee shirts au prix de 15 € l'unité


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57050 - Tél. : 03-87-75-81-70

jeudi 7 janvier 2010

L'organisation du travail respectueuse du bien-être ?

Le centre d'analyse stratégique (CAS) a remis un rapport au gouvernement dans lequel il propose des pistes de réflexion en vue de lutter contre les risques psychosociaux d'origine professionnelle.
Ce rapport souligne l'ampleur des risques qui pèsent sur la santé mentale des travailleurs et met en accusation l'évolution des modes de production et d'organisation du travail en vigueur depuis 20 ans dans les entreprises françaises avec notamment la place considérable prise par la flexibilité, la réactivité, la polycompétence et la polyvalence.


Les risques mis en évidence
  • Les injonctions à l'autonomie sans donner les moyens en effectifs
  • L'exigence de toujours plus de qualité et la mise en place de pratiques contraires à cet objectif comme par exemple satisfaire au maximum le client en y passant moins de temps
  • L'affirmation du collectif de travail en l'opposant au développement de pratiques de plus en plus individualisantes
  • L'importance accordée à la communication et le peu d'espace de parole au sein des entreprises
  • L'obsession du court terme et l'importance des projections à long terme
Les risques liés au restructurations et aux évolutions du travail
  • Le peu de prise en compte des conséquences résultant des restructurations qui conduisent à l'externalisation, la sous-traitance et les délocalisations
  • La gestion très restrictive des ressources humaines
  • Les évolutions du travail qui entraînent de nouvelles contraintes physiques et mentales liées à l'intensification du travail, les modes de production conrurrentiels et peu coopératifs entre salaires
  • Une présentation insuffisante dans la gestion des risques psychosociaux.

Les recommandations du CAS

Le CAS recommande de :
  • favoriser un rapprochement entre santé au travail et santé publique ;
  • confier à un organisme de santé publique le soin de recenser l'ensemble des études sur les risques psychosociaux ;
  • promouvoir des modes d'organisation du travail plus respectueux du bien-être ;
  • encourager l'évaluation des risques au sein de l'entreprise en mettant en place un système de détection de signaux avant coureurs ;
  • mettre en place des actions territoriales au service de la santé mentale dans les PME ;
  • inciter les CHSCT à organiser une concertation annuelle sur les risques psychosociaux et organisationnels, et lors de réorganisations ;
  • faciliter le maintien dans l'emploi des salariés inaptes ou avec des problèmes de santé mentale ;
  • approfondir les politiques d'activation individuelle, mais aussi collective, en favorisant la formation continue et l'initiative économique...

Une société pour tous les âges

La France compte 13 millions de retraités et ils seront demain aussi nombreux que les actifs. Cette nouvelle donne démographique invite à repenser dès aujourd'hui l'organisation d'une "société pour tous les âges".


L'espérance de vie à l'âge de 65 ans a doublé au cours du dernier demi-siècle
La durée de vie s'allonge de presque un trimestre chaque année, au point qu'elle est aujourd'hui en moyenne de 87 ans pour les femmes et de 83 ans pour les hommes. Les plus de 60 ans sont au nombre de 13 millions en France, soit 22 % de la population totale. Ils représenteront un tiers un
tiers dans une vingtaine d'années, c'est-à-dire presque autant que les actifs.
Pour la première fois, cinq générations vont coexister en simultané dans la société. On vit de plus en plus vieux en bonne santé. Seuls 15 % des retraités connaissent des troubles de dépendance. Autrement dit, la grande majorité de ceux qui arrivent à l'âge de la retraite ont encore devant eux 20 à 25 années à vivre en bonne santé. Même s'il convient de tenir compte, bien évidemment, des fortes inégalités en matière d'espérance de vie et de santé dues au contexte socioprofessionnel des individus.


L'allongement significatif de la durée de vie en bonne santé devrait être une bonne nouvelle pour l'humanité
Pourtant, force est de constater que le regard porté sur les retraités est plus souvent péjoratif. L'avance en âge n'est pas considérée aujourd'hui comme un facteur d'expérience, de maturité, comme un élément positif. Les retraités apparaissent d'abord comme un coût à travers les débats sur la réforme des retraites, le budget de la Sécurité sociale ou la politique de la dépendance. On les culpabilise d'être des inactifs,
des inutiles et pourquoi pas des parasites de la société.
Le discours patronal sur la "rentabilité" entretient cet
état de chose. Nous vivons dans une société de la
performance où le jeunisme est érigé en norme sociale
Une société largement inadaptée à la nouvelle donne
démographique


La massification des retraités pose en termes nouveaux la question de leur place et de leur rôle dans la société
Car ils sont toujours actifs et à la recherche d'une nouvelle utilité sociale, dépassant le simple cadre familial ou le recours en cas de difficulté passagère (aide aux enfants et petits-enfants, soutien scolaire, bénévolat aléatoire en cas de force majeure, etc.). Le retraité d'aujourd'hui a sans doute des envies, des aspirations différentes de celles du retraité d'hier, puisqu'il apparaît plus "jeune" à l'âge de 60 ans que ne l'était son homologue vingt ans plus tôt. Poser ainsi la question du sens de la vieillesse, du sens de la vie des retraités revient à poser la question d'une vie possible hors travail. Et là, c'est une petite révolution car notre société reste largement structurée autour du travail et de l'économie. Poser la question du sens de la vieillesse doit aussi contribuer à modifier le regard porté
sur les vieux... Et cela peut être libérateur. Le regard de l'autre participe en effet à l'estime de soi.


La nouvelle donne démographique oblige à apprécier l'évolution des besoins des retraités pour mieux y répondre
Et pas seulement en termes de pouvoir d'achat, même si la question est évidemment centrale quand on sait que 53 % des retraités disposent d'un revenu inférieur à 1 200 € et que 64 % des femmes perçoivent une pension inférieure à 900 €. Mais, construire une société pour tous les âges, c'est aussi conquérir un nouvel environnement où habitat, transport, services seront pensés pour les retraités, où les politiques de santé permettront de préserver leur autonomie en organisant l'accès à des soins de qualité, où les portes de la formation, de la culture
et des loisirs leur seront plus largement ouvertes, etc.
La construction d'une société pour tous les âges doit aussi favoriser l'expression des solidarités intergénérationnelles et cette question n'est pas mineure au moment où tout est fait pour opposer les générations entre elles.

Le syndicalisme a une responsabilité particulière pour répondre aux besoins et aux attentes des retraités.
Or, le sujet est relativement peu abordé dans la CGT. Les questions relatives au départ à la retraite d'une part et à la fin de vie d'autre part sont mieux traitées que celles qui concernent la vie des retraités précisément entre ces deux phases de leur existence. Il est donc urgent de changer de braquet en conduisant la réflexion avec les retraités eux-mêmes. De ce point de vue, il n'est pas inutile de s'interroger, comme invite à le faire le document d'orientation du 49e congrès, sur la structuration de l'organisation syndicale susceptible d'être la plus efficace possible. Ne conviendrait-il pas de privilégier l'échelon territorial, sachant que la plupart des retraités ont rompu le lien avec leur entreprise d'origine ?