Après les annonces de Gordon Brown et
Nicolas Sarkozy, Attac a publié un communiqué pour replacer l'église au milieu du village
Brown et Sarkozy bientôt adhérents d'Attac ?
On croirait un scénario de politique-fiction. Gordon Brown, depuis treize ans gardien de l'orthodoxie financière au Royaume-Uni et Nicolas Sarkozy, le président le plus à droite que la France ait jamais connu, décident de taxer les bonus des banquiers. Ils se prononcent pour une taxation des transactions financières, et les vingt-sept chefs d'Etat ou de gouvernements européens demandent au FMI "d'examiner toutes les options disponibles", y compris "une taxe globale sur les transactions financières".
L'invraisemblable décalage n'est donc plus tenable entre les discours creux sur la "moralisation" et la "régulation" du capitalisme, et l'exaspération populaire devant les nouveaux records de profits bancaires. Effrayés devant l'ampleur abyssale des déficits publics provoqués par le sauvetage des banques et la récession, et les craquements qui annoncent de nouvelles catastrophe (Dubaï, Grèce...), nos dirigeants s'interrogent : comment faire accepter aux populations, dans ces conditions, de nouvelles réductions des dépenses publiques ?
Attac ne peut évidemment que se réjouir de la taxation annoncée des bonus bancaire, et surtout de la montée en puissance du débat sur la taxation des transactions financières.
Pourtant, les vrais responsables de la crise financière ne sont pas les traders : ce sont les gros actionnaires des banques, qui leur ont fixé des objectifs de rentabilité absurdes et insoutenables. C'est la rémunération des actionnaires (et de tous les très riches) qu'il faut en priorité plafonner par la fiscalité directe, si on veut leur retirer la tentation de trop payer leurs traders.
Le vrai problème n'est pas dans les bonus, mais dans les profits des banques, de l'ensemble de l'industrie financière et aussi des principales multinationales. C'est pourquoi une taxe Tobin sur les transactions financières est indispensable : elle permettrait de dissuader les opérations les plus spéculatives, qui se jouent à très court terme et font appel à un fort endettement "effet de levier". Elle réduirait ainsi l'instabilité de la finance ainsi que son pouvoir social.
Elle permettrait en outre de trouver des fonds pour éviter l'échec dramatique qui se profile à l'horizon, aussi bien pour les objectifs du Millénaire pour le développement que pour la lutta contre le réchauffement climatique. Au taux extrêmement modéré de 0,1 %, la taxe rapporterait plus de 400 milliards de dollars par an. L'Union européenne peut parfaitement la mettre en place sans les Etats-Unis, et cela rapporterait encore 180 milliards.
Après les paroles, il faut des actes. Nous demandons la mise en place par l'Union européenne d'une taxe sur l'ensemble des transactions financières, y compris les produits dérivés, à un taux significatif. Nous demandons la hausse du taux marginal de l'impôt direct à 90 %, comme l'avait fait Roosevelt, sur les revenus les plus élevés. Alors seulement nous accepterons les adhésions de MM. Brown et Sarkozy.
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