C'est indiscutable. La CGT, comme les autres centrales syndicales, prend un sérieux coup de vieux. D'ici dix ans, un militant sur deux sera parti en retraite. Et la relève ne suit pas. Seuls 3 % des nouveaux syndiqués ayant adhéré depuis le début de l'année à la CGT avaient moins de 26 ans. Les sondages soulignent pourtant que les syndicats ont la cote chez les jeunes : 68 % disent avoir une bonne opinion à leur égard. Et les manifestations anti-CPE ont fait la démonstration que la jeunesse était prête à s'engager massivement dans des combats auxquels elle croit. Pourquoi alors les jeunes salariés ne franchissent-ils pas le pas de la syndicalisation ? Un premier élément de réponse tient à la précarité des jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi. "Ils se disent qu'ils adhéreront quand ils auront trouvé un emploi durable". Sauf qu'entre les stages, les missions d'intérim et les CDD à répétition, cette stabilisation peut prendre des années.
Mais cette insécurité n'est pas la seule explication. Le décalage générationnel est aussi en cause. "Le jargon des dirigeants, leur éducation politique, leur rapport à la communication les éloignent des jeunes". A la CGT, on parle "d'axes revendicatifs centraux", mais les jeunes préfèrent se mobiliser sur un "projet"" ! Le syndicat ne parle à l'évidence pas le même langage que la jeunesse. Quand ils lisent nos tracts, ils nous disent "ça nous intéresse mais on ne comprend rien". L'intérêt est bel et bien là. Sous conditions. Car la nouvelle génération n'est pas disposée à entrer en "religion". Ils ont peur d'être formatés et se méfient de la "ligne" ou de l'idéologie. S'ils adhèrent, ce n'est pas non plus pour se sacrifier ou faire de la figuration mais dans une visée d'autoréalisation !
Les syndicats doivent aussi être audibles sur des sujets sociétaux qui interpellent ou concernent directement la jeunesse. Comme le racisme, la guerre ou l'écologie... Nous ne devons pas hésiter à nous attaquer à des champs en marge du travail salarié que sont les stages, le logement et les modes de garde. Par exemple, il faut aller à la rencontre des jeunes sur les forums emploi et dans les universités. Car les jeunes, sous-informés sur leurs droits, attendent que l'on aille vers eux, et pas le contraire.
La jeunesse en chiffres
Environ 2 % des jeunes de 18 à 30 ans sont syndiqués, contre 8 % pour l'ensemble des salariés. La syndicalisation des jeunes est donc une question prioritaire, d'autant qu'un adhérent sur deux partira à la retraite dans une dizaine d'années.
Confiance
65 % des moins de 35 ans font confiance aux syndicats, contre 53 % des 50-64 ans.
Le chiffre > 12 %
C'est la part des Français qui pensent que le niveau de vie des jeunes sera supérieur à celui de leurs parents. Contre 20 % des Allemands, 35 % des Anglais, 46 % des Espagnols, 49 % des Danois, 69 % des Polonais.
La phrase
Les jeunes veulent maîtriser leur engagement sur le plan intellectuel : ils veulent des éléments pour comprendre, se faire leur opinion, pas qu'on leur impose des décisions par le haut.
Taux d'emploi
32 % des Français de moins de 25 ans ont un emploi contre 44 % dans l'ensemble des pays de l'OCDE. Dans la moitié des cas, il s'agit d'un emploi temporaire.
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