lundi 18 octobre 2010

Kerviel : le bouc-émissaire

Jérôme Kerviel a été condamné à 3 ans fermes et 5 milliards d'euros d'indemnités ; la Société Générale, non seulement lavée de toute faute, mais présentée en victime. Le scandale est énorme. Jamais aucune multinationale, aucun PDG, aussi criminels soient-ils, n'ont été condamnés aussi lourdement que le lampiste Kerviel.

Catastrophe de Bhopal (20 000 morts) : 400 millions de dollars d'indemnités à la charge d'Union Carbide. Marée noire de l'Erika : Total a payé 92 millions d'euros d'indemnités. Catastrophe d'AZF Toulouse (31 morts) : 2 milliards d'indemnités, sans même une condamnation. Seul le fonds d'indemnisation des travailleurs forcés du nazisme a atteint les 5 milliards d'euros, dont la moitié seulement à la charge des groupes industriels et bancaires allemands.
Plus récemment, les banques internationales ont provoqué une crise financière qui a coûté des milliers de milliards de dollars et d'euros aux contribuable (les plans de sauvetage) et aux populations (le coût de la récession), provoquant une flambée du chômage et de l'austérité en Europe et aux Etats-Unis, Banquiers, PDG de fonds spéculatifs, "régulateurs" comme MM. Greenspan, Trichet et autres : aucun des responsables de cette dernière catastrophe n'a été inquiété. Tous continuent à bénéficier de leurs bonus, stock-options, parachutes dorés, et, pour ceux qui ont cessé leur activités coupables, de leurs retraites-chapeaux. Pratiquement rien n'a été fait, malgré les fanfaronnades du G20, pour empêcher que cela recommence.
La Société Générale ne pouvait pas ignorer les pratiques de ses traders, Kerviel compris. Elle est la banque française la plus engagée dans les activités spéculatives à hauts risques, elle exige des rendements hallucinants à ses opérateurs : l'affaire Kerviel n'a pas éclaté par hasard à la Société Générale. Profitant de très faibles taux d'intérêt pratiqués par la Banque centrale européenne, la banque a réalisé 2,2 milliards d'euros de profits au seul premier semestre 2010. Notamment en achetant des obligations émises par les Etats grec, portugais et espagnol, qui doivent payer des taux d'intérêt exorbitant du fait de la spéculation. Jusqu'à quand cela va-t-il durer ?
Quelle que soit la responsabilité de Jérôme Kerviel, celle de son employeur et du système financier en général est infiniment plus lourde. Ce jugement illustre jusqu'à la caricature la complaisance des institutions, tribunaux, gouvernements et Parlements, vis-à-vis des dérives désastreuses de la finance. La finance doit être mise au service de la société : il faut socialiser le système bancaire et construire les alternatives aux banques prédatrices.

Aucun commentaire: