jeudi 4 février 2010

Bonimenteur et cynique à la fois

Sarkozy à Davos : on est partagé entre l'admiration pour le talent du bonimenteur et l'écœurement devant son cynisme. Etonnant son habituel couplet pseudo-altermondialiste, il a stigmatisé "le rentier qui l'emporte sur le travailleur", la "flambée des inégalités" et les "profits excessifs qui ne sont plus supportés". Dénonçant le dumping social et environnemental dû à la prédominance des règles du libre-échange sur les droits sociaux, il a reconnu la duplicité des gouvernements, le sien inclus : "Nous rognons à l'OMC et au FMI ce que nous décidons à l'OIT et à l'OMS".
Mais en quoi consiste sa politique quotidienne, si ce n'est à adapter la France aux exigences de ce capitalisme financier "dénaturé" ? Le bouclier fiscal ne visait-il pas officiellement à faire revenir des fortunes trop mobiles ? La suppression de la taxe professionnelle à accroître la "compétitivité" des entreprises françaises, c'est-à-dire leur capacité à servir les dividendes et plus-values escomptés par leurs actionnaires ? La réforme des retraites, à quoi sert-elle, si ce n'est à sanctifier un partage des richesses favorable au capital comme jamais il ne l'a été par le passé ? La suppression des postes dans la fonction publique et les services publics, la privatisation des entreprises publiques, la réforme des collectivités territoriales n'ont-elles pas exactement le même objectif ?
Quel que soit le talent du communicateur, il ne peut éternellement tromper son monde. Le retour de bâton pourrait être fort et l'inquiétude pourrait percer dans le discours. On nous berce avec des prévisions de croissance et de baisse du chômage, mais la crise financière est loin d'être terminée. Les coupes sombres dans les dépenses publiques, au nom de la lutte contre les déficits budgétaires insoutenables, vont provoquer des conflits sociaux majeurs dans de nombreux pays. Le discours de Nicolas Sarkozy a au moins un mérite : celui de nous montrer la cible, la domination de la finance capitaliste, qu'il cher à protéger à tout prix.

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