jeudi 15 juillet 2010

Le travail ne se révèle à quiconque, dont celui qui l'exerce, que par le prisme du regard porté sur lui. Le travail de l'équipe urgentiste peut être révélé en termes de postures ou de communication entre collègues, ou encore de respect des règles d'hygiène et du protocole médical ; par le biais des instruments et des informations, des traces des tâches précédentes et de l'anticipation de la tâche à venir dans celle en train de se faire, ou encore de cet être fragile, concentré d'avenir et d'attentes pour ce couple pressant et inquiet, attendant un diagnostic derrière la porte. Le sens du travail ne se laissera probablement saisir qu'au carrefour des perspectives variées, assumant la singularité des contextes et attachées à la subjectivité du travail humain.

Fabien COUTAREL
Ergonome et maître de conférences
Université Blaise Pascal, UFR STAPS,
Clermont-Ferrand


Les hommes en blanc.
Le travail est délicat, les hommes sont concentrés sur leur tâche, font corps avec l'opération en cours. La machine est grosse, les hommes opèrent en son sein. Pas d'effort physique apparent mais des corps et cerveaux totalement engagés dans l'activité. Les yeux prélèvent de l'information, les mains ajustent avec précision. Qu'entendent-ils ? Que sentent-ils ? Y a-t-il des vibrations ? Que se passe t-il derrière cette protection ? Ou plutôt quelle opération sont-ils en train de commander à distance Quels sont les risques pour eux-mêmes, pour l'installation et peut-être pour la population environnante ?

Francis BOURDON
Ergonome
Chargé de projet santé travail à la CFDT


Contre vents, qu'importe les conditions physiques de travail, froid, humidité, bruit et marées, arrivage plus ou moins conséquent en produits frais, il vident, préparent et empaquettent les poissons et les crustacés fraîchement arrivés. Ils écument les fruits de la mer... les fruits du travail des pêcheurs.
Atmosphère iodée et glacée, lumière artificielle, été comme hiver, ils sont ici amarrés à leur poste de travail pour des nuits fraîches, courtes et écaillées en sommeil.
Périodes d'accalmie ou emportés par le courant des approvisionnements, ils ne faiblissent pas. Ils vaquent à leur travail au service de restaurateurs, grossistes, sociétés d'import-export... in finie pour le consommateur qui se restaure le jour.
Mais à quel prix cette effervescence du travail nocturne ? Ne serait-ce pas au détriment d'une vie extraprofessionnelle endormie pendant qu'ils travaillent ? Ne se retrouvent-ils pas seuls dans un océan de décalages - horaire, biologie, social, familial - à gérer ?
Alors comment y remédier ? Comment "ancrer" des conditions de travail optimum tout en gardant la fraîcheur du métier.

Aurélie MARY DIT CORDIER
Ergonome SNCF pour les Etudiants en Master 2 de Psychologie du travail et ergonomie
année 2007-2008, Université Paris Ouest - Nanterre La Défense


Au travail, la nuit.
Le temps s'arrête, l'impression de gagner du temps sur sa vie, même si ce sont peut-être des années de fin de vie que l'on perd. Du temps gagné sur le jour, sur les autres, ces autres qui dorment et que l'on veille.
Travailler dans le noir, travail masqué, méconnu mais pourtant essentiel... Fierté.
L'équipe est soudée, les confidences de mise, les entraides propices, quelquefois on envisage l'avenir, lorsqu'on rentrera dans le rang des travailleurs de jour, on verra... tant qu'on tient ! Le petit matin arrive, aller enfin se coucher.

Béatrice BARTHE
Maître de conférences en ergonomie, Université Toulouse 2 le Mirail


La circulation - des personnes et des marchandises -, mobilise une population de travailleurs sédentaires ou mobiles habitués au travail de nuit.
Alors que le pompiste veille, le chauffeur de poids lourd longue distance poursuit sa course contre le temps. Faute de rattraper celui qu'il a perdu dans la circulation ou lors de l'attente de son chargement, il sait que l'interdiction de circuler le samedi et le dimanche l'obligera à stationner.
Dans son relais, le pompiste l'informe des conditions de circulation, le renseigne sur des itinéraires ou l'existence de ressources humaines et matérielles ; plus largement il le rassure.
Face à l'imprévisible, leurs interactions concourent au maintien de l'activité économique.

Christophe MUNDUTEGUI
Chercheur, Institut National de Recherche sur les Transport et leur Sécurité


Une approche durable : moderniser en respectant le patrimoine.
La rencontre de différents corps de métiers, un grand nombre de situations de travail différentes qui ont toutes le même objectif : retrouver une fourniture de service de transport répondant aux attentes des clients, le contexte d'activité habituel de l'ergonome. Tout le monde apporte sa pierre à l'édifice, quel référentiel commun entre eux, comment se gère la coactivité ?
Un grand espace transformé par si peu de travailleurs, ici aussi des gains de productivité ; même si ce chantier est d'apparence calme et sereine... Quand le stress est en latence avant sa manifestation.
Du soleil et de la chaleur à Glacière, quid de la maintenance de nuit de station de métro souterraine ?

Alexandre MORAIS
Responsable ergonomie industrielle
PSA Peugeot Citröen

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