jeudi 15 juillet 2010

Travailler, ce peut être une œuvre. Créer dans la solitude, puiser dans ses forces propres. C'est aussi communiquer. Et communiquer, c'est parfois s'engager, sans forcément l'envisager, à assumer des tâches dont on n'a pas toujours prévu la dimension monotone et répétitive.

Alain LANCRY
Professeur des Universités
Université de Picardie, directeur exécutif de la revue Le Travail Humain



On fait venir des ouvriers. On répartit les tâches. Grâce à la précision des calculs, des plans et des maquettes on réussit à construire l'ensemble. Le matin, tout est terminé. C'est une vraie surprise pour tous. Un bonheur pour les travailleurs. Mais les savants semblent complètement abattus. Malgré le cercle des penseurs et d'ingénieurs à l'origine du projet, plus personne ne sait exactement quoi faire des machines. On décide cependant de ne pas en rester là. Et c'est pourtant ce que nous aurions dû faire : continuer à travailler la matière, poursuivre inlassablement l'œuvre, transmettre les tours de main, et noyer le lac des sombres drames.

Jean-Luc TOMAS
Chercheur en psychologie du travail,
équipe clinique de l'activité
Conservatoire National des Arts et Métiers


De quoi parlent-ils ? Pour certains ce sera de tout autre chose que du travail. Pour d'autres c'est une situation de travail assez énigmatique. Un cadre agenouillé au bureau d'une secrétaire.
L'ambiance semble détendue. Le poste de travail n'a pas de chaise pour que quelqu'un parle avec la secrétaire, ce n'est pas prévu. Le rapport d'activité semble faussé. Peut-être a-t-il quelque chose à demander à sa secrétaire et se met-il à son niveau pour faciliter la communication. Mais on peut y voir une évolution des rapports professionnels, notamment une égalité des sexes. Cela ouvre des perspectives sur le genre et le travail.

Sandrine CAROLY
Maître de conférences en ergonomie
Université de Grenoble


Sans doute les moyens de communication sont en progrès : télégraphe, téléphone, puis le NTIC : informatique, internet. Mais, quid du progrès dans le monde du travail ? Après le travail à la chaîne : la saisie des données au kilomètre, les centres d'appels, de nouveaux outils de contrôle. Et, ce salarié comment réussit-il à être efficace entre le téléphone et les informations des différents écrans ? Combien de temps ? Avec quelles connaissances ? Quels risques et quels impacts sur sa santé ? Voici quelques questions traitées par l'ergonome pour comprendre l'Homme au travail et contribuer à son bien-être et à la sécurité du système socio-technique.

Cécilia DE LA GARZA
Ergonome, EDF R&D


La main et le regard...
Loin des show-room, après avoir rêvé un instant que le siège réglable lui permettrait d'asseoir son postérieur et son pouvoir en jetant un regard circulaire sur son environnement, l'homme disparaît... A l'abri de tous et des rayons du soleil, happé par les nouvelles technologies, submergé par les équipements périphériques, l'homme travaille.
Mais l'homme n'est pas seul. Signes tangible et visible de l'activité, la main contre le regard. L'histoire commence.

Jean SCHRAM
Psychologue et ergonome
EDF, Délégation Groupe Santé Sécurité


Un univers saturé d'objets techniques et pourtant familiers, qui exigent tous d'être mobilisés, interdisant tout repos, toute paresse ; qui vampirisent l'espace en lui ôtant sa densité humaine. L'autre disparaît dans ce décor pour en devenir un élément sans âme... J'ai mal... de la tête aux pieds... avec la certitude insupportable que cela va continuer jusqu'au moment où j'irai faire biper mon badge dans la diabolique pointeuse ! Et ce bruit... et cette voix dans le téléphone qui elle aussi n'est plus qu'un bruit...

Laurence THERY
Administratrice salariée à la Fondation
Européenne pour l'amélioration des
conditions de travail de Dublin

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