lundi 5 juillet 2010

L'homme lancé à l'assaut des cieux, tentant de s'élever toujours plus haut, et de se rendre "comme maître et possesseur de la nature", c'est d'abord ce qui frappe ici. C'est donc la dimension transformatrice du travail qui est mise en scène avec ce très beau rappel de la double nature du travail qui, tout en émancipant, enferme l'homme dans ses œuvres. L'homme se dresse sur le bout du fil de fer, sur cet artifice humain, qui en retour le retient et l'emprisonne dans une forêt de constructions purement humaines d'où toute nature a disparu. Hybris ?

Dominique MEDA
Directrice de recherche, Centre d'études de l'emploi



Travailler ne signifie pas pour tous usine ou bureau, bruit de machine ou écran d'ordinateur, cadences ou autres misères laborieuses !
Certaines conditions de travail extrêmes à tel ou tel égard sont étonnantes et peu connues. Ainsi, devant la prouesse technique, disons même la beauté de très hauts ponts suspendus et autres constructions vertigineuses, admirables, ou des hautes lignes électriques, dangereuses, que dire de ceux qui les font ou les réparent ? Sont-ils si admirés, ouvriers ou techniciens de tous métiers qui, au péril de leur santé et de leur vie, apprivoisent au quotidien danger, peur, vertige et intempérie ?

Jean-Claude SPERANDIO
Professeur émérite d'ergonomie
Université Paris Descartes






L'humain est peu de choses dans ce monde d'eau et d'acier. La mer est énorme. La houle s'est creusée et l'horizon bascule. Le bateau lutte. Pourtant, les marins sont au travail. Comme tous les jours. Comme ils se seraient ailleurs. Le contraste est saisissant. Comment travailler dans cet environnement si hostile ? Il y a l'expérience, qui façonne progressivement le corps, la posture, les réflexes pour compenser roulis et tangage ; qui donne la maîtrise du danger, supprime les peurs et apprend la conduite juste. Et puis... il y a la confiance dans l'homme qui tient la barre. Vider les poissons, activité simple et routinière, devient ici une forme aboutie de maîtrise professionnelle.

Even LOARER
Professeur, Université Paris-Ouest - Nanterre La Défense





Dans la ville invisible, à la cime d'un Lego de poutres et de béton, un homme en équilibre entre terre et ciel. Un homme désespéré, terrassé par les épreuves de la vie ? Un homme assoiffé de sensations enivrantes ? Simplement, un travailleur, ordinaire, anonyme, sans visage, le corps pour seule assistance... la tête à l'envers pour un travail dont l'envers, invisible, échappe à notre regard empli d'effroi. On voudrait le retenir, le prévenir de sa posture précaire, de sa vie en danger... de son travail. Mais ne le sait-il pas déjà ? Le peut-il autrement, figurant impuissant d'une sécurité dont il n'est que le maître d'ouvrage ? Finalement, l'histoire ordinaire d'une quête perpétuelle d'équilibre...

Sandrine GUYOT et Philippe HAIK
Psychologue ergonome et ingénieur, EDF Recherche & développement
Département management des risques industriels et département STEP

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