jeudi 8 juillet 2010

Un brasier si violent que les canadairs ne peuvent intervenir et qui va même jusqu'à éteindre presque totalement le soleil. Et pourtant, face à cette nature déchaînée, deux soldats du feu sont là, à leur poste, simples fantassins solidaires éprouvant leurs limites humaines, physiques et psychologiques, mais fidèles au sens de leur engagement professionnel : assurer à leurs risques et périls la sécurité de leurs concitoyens en toutes circonstances, aussi difficiles soient-elles.

Ingrid GENIN
DRH nationale Macif, service santé sécurité


La peur... Avec eux, j'ai attendu le moment. Ils m'avaient raconté, pendant les quarts interminables, l'apprentissage véhément de leur métier. On attendait le feu... Devant lui, on n'est plus que réflexes et fusion aux autres. Brusquement, une nuit, casque sur la tête et calepin à la main, tripes tordues, voilà ces immenses flammes d'hydrocarbure léchant les ferrailles et les tuyauteries. Un feu sauvage, un fauve, des brûlures, des nuées d'étincelles. Et si ça pétait ? J'allais cramer et eux aussi, pour sauver cet alambic ? Ils avançaient, agrippés à leur lance, les yeux sur lui, no perder la cara del toro. Nerveusement, ils rigolaient : "Recule, l'ergonome, ça va chauffer !". Je ne pouvais pas bouger, je me serais enfui à toutes jambes.

Thierry ROGER
Ergonome, PSA Peugeot Citroën

Mutine. Comme corps mutin. Comme mutinerie, aussi. Et son sourire comme un pacte... Est-ce une évasion, surprise par le regard qui semble l'encourager à vouloir quitter cet univers d'agitation où le travail s'est perdu dans une présence sans existence ?
Est-ce plutôt un squat, surpris dans cet antre qu'une immobile Esmeralda des fabriques occupe comme un territoire ?
Mais aussi, se demande-t-on : surpris, vraiment, ou provoqué ?
De tout ça, l'observateur est-il le témoin ou l'occasion, le révélateur ou la ressource . Entre ce que regarder peut voir, et ce que regarder peut faire, du photographe à l'ergonome en somme, que signifie montrer le travail ?

François HUBAULT
Département ergonomie et écologie humaine
CEP - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne







Lumière artificielle, bruit, uniforme, anonymat et atomicité, solitude collective, attention permanente, contraintes posturales, rythme dicté, répétitivité, spécialisation, parcellisation, mixité... Deux photos, deux mondes, une même description du travail.
Deux classes de travailleurs nées de la division du travail.
Dans laquelle trouve-t-on les plus rabougris ? L'ouvrier baisse la tête, les traders la lèvent. Evident ? Non : les traders sont dominés par la machine du marché, l'ouvrier reste maître de sa machine et peut encore s'évader.

Philippe ASKENAZY
Economiste, directeur de recherche au CNRS

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