mercredi 23 janvier 2008

Site de Gandrange en Danger : Histoire d'une lutte

  • M..... pour 2008 !!

C’est vrai que sous l’ère Sarkozy le cynisme et la violence deviennent le mode de fonctionnement de la société française. Dans ce contexte, les patrons jubilent et se croient tout permis ! La loi de la jungle, celle du plus fort est de retour. Alors, pourquoi se gêner. Allon-y gaiement pour les meilleurs vœux 2008 et même anticipons en présentant ceux de 2009. Bonne et heureuse année pour les profits de notre président Lakhsmi Mittal, pour les dividendes de nos actionnaires bien-aimés et m... pour le personnel de Gandrange pour 2008 et 2009. Sortez vos mouchoirs et les fleurs pour l’enterrement.

  • Retour à l’envoyeur !!
En général, par tradition et par politesse, on répond aux vœux.
Donc, aucu, aucu, aucune hésitation. Retournez vos vœux proprement à notre chère Direction si humaine, si sensible et si affectueuse en ce début d’année. Formulez collectivement que nous saurons lui rendre la monnaie de sa pièce. Vous avez parfaitement compris à en juger devant votre mobilisation.

  • Bouchez-vous les oreilles
Devant un tel coup de massue, les conseilleurs, les consoleurs, les experts et analyseurs de tout poil se feront un plaisir de jouer Madame Irma. L’un lira votre avenir dans les cartes, l’autre dans l’horoscope, l’autre encore dans les boules. Et moi, les boules je les ai grosses comme ça ! Certains vous dirons fuyez, prenez vos jambes à votre cou, courez là-bas, là-haut, on vous attend les bras ouverts pour vous offrir la lune, le soleil et les étoiles (emploi, salaire, avenir...).
Tout y passera. Les sirènes sont à l’œuvre, bouchez-vous les oreilles et tournez le dos aux diseuses de bonne aventure et luttez.

  • Les premières boules !!
Nombreux sont les travailleurs qui se sont manifestés pour dire qu’ils avaient les boules comme ça et qu’ils n’avaient pas l’intention de déserter le terrain de la lutte et de la solidarité. Certains veulent se faire entendre dans leur unité par des débrayages, d’autres veulent se faire entendre bruyamment avec des moyens appropriés, d’autres ont lu le roman Germinal de Zola. Cela les inspire. Bref, il y a de l’excitation dans l’air. On peut se défouler, on peut faire sauter le couvercle, mais attention, il faut penser action réfléchie, collective et unitaire avant tout.

  • Répression “directionnelle”
Des jeunes salariés sont inquiets et c’est normal. Et certains d’entre eux sont révoltés, c’est normal et on le serait à moins. Parmi eux, un jeune rêveur, bien sous tous rapports, conscient, travailleur et compétent a eu l’audace de répondre honnêtement et sincèrement à une question d’un journaliste de télévision. Quelle était la question :
“Pensez-vous que l’on veut fermer l’aciérie parce qu’elle est obsolète ?” Notre jeune a répondu avec sincérité du tac au tac “Non, il s’agit d’un manque d’entretien des installations”. En clair, une carence de la maintenance qui n’a pas tous les moyens nécessaires humains et financiers pour effectuer correctement son travail. Réaction de la Direction : elle a convoqué l’intéressé : sermon, répression ? On ne laissera pas lui faire le moindre petit bobo.

  • Cheval de Troie
Nous sommes en pleine “étrangeté”. Nous sommes face à une véritable intrigue. Notre ancienne mère, Arcelor, nous a vendue en 1999. Notre nouvelle mère adoptive, Mittal, nous a achetée en 1999. La première nous a vendue parce que nous n’étions plus rentable, la seconde nous a achetée parce qu’un avenir nous était promis. 1999 - 2008 : 8 ans se sont écoulés. Tout le monde y croyait. Soudain, Arcelor revient dans la course après son mariage avec Mittal et là tout change ! On ne veut plus de nous. Qui ne veut plus de nous, les actionnaires et les dirigeants de l’ex-Arcelor ou les actionnaires et les dirigeants de Mittal ou les deux ?

  • Proverbes
Le démagomégalo de proximité sort de temps en temps son égo pour déclamer des aberrations en dissertant sur notre avenir. En 1984, il disait “je” rachèterai le train à fil de Rombas. En 2008, il dit “je” construirai une nouvelle aciérie électrique pour remplacer la ferraille actuelle. Que répondre devant tant d’intelligence, de compétences et de délicatesse. J’ai choisi quelques proverbes psychiatriques pour exprimer le sentiment collectif face à ces propos surréalistes et c’est peu dire :
-”Le délire est le propre de l’homme”,
- “Les hystéro sont fatigués”,
- “L’amnésique adoucit les mœurs”,
- L’hébétude est une seconde nature”,
- “Debout, les benêts de la terre”,
- “Messieurs les cinglés, tirez les premiers”, etc, etc..
J’en ai d’autres, si vous voulez...

  • Tenir les quatre bouts !
Je sais, ça vous dégoûte, je sais, ça vous énerve beaucoup, on s’est foutu de nous. Tout ça c’est vrai et on ne va pas se laisser faire. Mais, malgré tout ça, malgré l’ambiance plombée, malgré la baisse de moral, il va falloir tenir bon et tenir les quatre bouts de la même corde. Le 1er bout, c’est la lutte. Le 2e, la solidarité, le 3e, bien faire son boulot et cajoler son outil de travail et le 4e, s’occuper sans fléchir de la sécurité et de sa petite santé car, sans ces 2 trucs, on tombera en panne.
Alors, faites gaffe et tenez bien les 4 bout à la fois. Ne lâchez rien !

  • Ne pas se faire avoir !
Le Préfet de Région de Sarko a été vite en besogne. Il a convoqué les patrons de chez nous et les syndicats avec les pouvoirs publics pour calmer l’orage qui gronde. Quand on sait que Monsieur le Préfet se dénomme Bernard Niquet, il y a de quoi redoubler de prudence.



  • Face à face CRS/aciéristes !
Mercredi 17 janvier, à minuit tapante, après le premier rassemblement à l’occasion du CE, la grève s’est poursuivie dans les unités. Mais les aciéristes ont voulu prendre le frais en continuant à bloquer le portier au coin d’un bon feu. A minuit, heure des cloches, une visite inattendue : les flics à Sarkozy le “nettoyeur” se sont mis face aux jeunes aciéristes. Des gaillards avec 2 cerveaux et 1 muscle, hauts de pas loin de 2 mètres, avec leur costume de scène, près à dégainer. C’était aussi des jeunes adultes. Mais avec un QI différent de celui des aciéristes. Le feu de camp chauffait, l’ambiance chauffait et ça chauffait. Conscient que la température “celsius” pouvait grimper rapidement, le garde de service a rappelé aux CRS qu’ils se trouvaient sur un terrain privé et qu’il était illégal de l’investir. Ils ont tourné les talons en attendant une opportunité pour dégainer.

  • Debout les damnés de la terre, debout les forçats
Historique ce face à face entre des délégués, les nouveaux embauchés et les Direlos Lauprêtre et Fauville. Ils étaient “vert de trouille”. Quant à la secrétaire de séance, les couleurs de son visage ne ressemblaient pas aux couleurs habituelles. Sur la table, les protestataires se sont lâchés avec des mots justes et fleuris. Ce fut l’heure des “quatre vérités”. Les deux direlos étaient coincés par la “meute” (calme, gentille, mais décidée à en découdre).
Il n’y a eu aucune violence. Pourtant, quelques gars avaient lu “Germinal”, le roman d’Emile Zola. Un bon roman que beaucoup de patrons connaissent mais redoutent que l’on s’en inspire.

  • Tous azimuts !
Les initiatives des salariés se multiplient tous azimuts. Après le rassemblement au CE et les grèves du 16 courant, l’assemblée générale et les débrayages du 17, la pétition prise en charge par les salariés, les inscriptions pour les bus à Luxembourg, la table tripartite du 21, la manif du 24, il s’ajoute la lettre de l’intersyndicale aux familles, une distribution de tracts sur les marchés d’Amnéville, Rombas et Hagondange. En projet, une lettre ouverte à l’attention du PDG Lakshmi Mittal. D’autres initiatives sont en réflexion, vous en serez informés.


  • Un petit nouveau : le “CODEG” !
Un “comité de défense du site de Gandrange, le CODEG” a été créé. Son but, donner de la crédibilité à un contre-projet industriel pour maintenir le site de Gandrange dans son intégralité avec ses 1 000 emplois et une perspective de développement. Des anciens direlos de Gandrange et des cadres ont décidé de se lancer à leur façon dans la bataille de Gandrange. Monsieur Alain Grenaut, notre directeur général entre 2002 et 2005 préside le CODEG. Tous sont très compétents et très qualifiés pour rendre crédible une contre-proposition industrielle face au projet d’ArcelorMittal.
Toutes les personnes qui ont rejoint le “CODEG” ont à cœur, comme nous, leur ancienne usine et veulent la défendre bec et ongles. Gandrange, ils la connaissent bien. Ils ont un solide carnet d’adresses et une parfaite connaissance de la sidérurgie mondiale. Ils vont se mettre au boulot. Leur présence est aussi la preuve de leur hostilité face au projet d’ArcelorMittal.

  • Courriel indien !
Pendant deux jours pleins et, malgré la visite musclée des CRS désœuvrés, les jeunes aciéristes avec le soutien appuyé de leurs aînés et la présence permanente de leurs délégués, ont bloqué joyeusement le portier aciérie. Ils ont allumé un feu de joie permanent. “Les ronds de fumée noirs”, pour une fois, n’étaient pas du tout polluants. De simples “signaux de colère” et non de détresse. La lutte, c’est écologique. Il n’y a pas que la toile pour comiques dans la vie.

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