mardi 4 mars 2008

Vous attendez quoi de la CGT ?

Quelles sont les attentes des salariés à l'égard du syndicalisme et de la CGT en particulier? Elements de réponse à partir des enquêtes réalisées par l'institut CSA sur les sujet.

1) Les salariés font majoritairement confiance aux syndicats pour défendre leurs intérêts.
Un taux de confiance de 54% en 2007, soit deux points de plus que l'année passée. C'est la meilleure performance enregistrée depuis la mise en place du baromètre (36% en 1993). Parmi les plus confiants, figurent les salariés du secteur privé (c'est nouveau), les hommes, les jeunes et les cadres. Les "avancées significatives dans les prochains mois" jugées possibles par les salariés : le respect des droits des salariés, l'égalité entres les hommes et les femmes dans le travail, la création d'emploi, la pénibilité du travail, la démocratie dans l'entreprise, la lutte contre le travail précaire, une revalorisation générale des salaires, la lutte contre la fléxibilité de l'emploi, des avancées sociales au niveau européen, la participation des salariés aux décisions, l'emploi des seniors.
"Les objéctifs prioritaires" assignés aux syndicats : l'égalité des hommes et des femmes dans le travail, l'augmentation du pouvoir d'achat et la défense de l'emploi, pour ne citer que les trois premiers. Pour satisfaire leurs revendications, 90% des salariés sont prêts à signer une pétition, 82% à répondre à une consultation, 73% à participer à une assemblée générale, 66% à manifester et 56% à faire grève.

2) Les syndicats jouissent d'une forte légitimité pour négocier les réformes sociales.
Les attentes à l'égard du syndicalisme sont d'autant plus grandes que de fortes inquiètudes s'expriment face à l'avenir. Dans ce contexte, les syndicats apparaissent comme les principaux défenseurs des salariés. Ils leurs font davantage confiance qu'au Medef et parfois même qu'au gouvernement pour répondre à leurs préoccupations. C'est le cas, par exemple, pour la défense du pouvoir d'achat. Cependant, l'image des syndicats est ambivalente car un certains nombres de doutes s'expriment quant à leur rôle et leur efficacité. Ils jouissent d'une légitimité certaine pour intervenir dans le traitement des dossiers sociaux et sont même fortement sollicités pour le faire. Mais pas n'importe comment. On n'attend pas d'eux qu'ils se cantonnent dans un rôle de "contre-pouvoirs" au sens premier du terme, mais qu'ils "pèsent" de façon constructive sur les réformes en cours en proposant des solutions acceptables par tous. Une gradation dans les modes d'action est également souhaitée. Le recours à la grève apparaît véritablement comme l'ultime solution, en évaluant au préable les chances de succès, car il en coûte cher à celles et ceux qui l'exercent.

3) La CGT est jugée sur sa capacité à formuler des propositions crédibles.
La CGT occupe une place centrale sur l'échiquier syndical. Elle apparaît comme une organisation puissante, le "premier syndicat de France". Bernard Thibault est le seul leader syndical dont le nom est évoqué spontanément. Mais les prises de position et les actions de la CGT demeurent assez largement méconnues. Pour être en phase avec les attentes des salariés, la CGT doit se garder d'un positionnement purement défensif et de stricte opposition aux réformes, qui ferait douter de la pértinence de sa stratégie. Ainsi, par exemple, 9% des salariés souhaitent que la CGT s'oppose au gouvernement (moins 6 points en l'espace d'un an), 21%, qu'elle soit plus critique à son égard et le pousse à infléchir sa politique (moins 5 points) et 52%, qu'elle soir plus constructive en faisant des propositions alternatives (plus 6 points). L'action de la CGT doit être à la fois collective, crédible et concrète (les 3"C"). Collective : la CGT doit parler au nom de tous les salariés et pas seulement de certaines catégories d'entre eux et son action doit s'inscrire dans le cadre de l'intérêt général. Crédible : il s'agit de passer du "souhaitable" au "possible", ce qui implique de travailler le volet des propositions alternatives et leur financement. Concrète : partir du réel pour arriver à un résultat palpable, sans renvoyer la solution du problème au lendemain. C'est bien la qualité des propositions formulées par les syndicats qui déteminera leur capacité d'entraînement et degré de mobilisation des salariés.

Laurent Mossino

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