lundi 3 novembre 2008

Petite leçon d'économie capitaliste

L'histoire de la banque

Il était une fois un vieil orfèvre qui, pour protéger son or, a eu besoin d'une chambre forte. Un jour, les villageois sont venus frapper à sa porte : ils voulaient louer un peu de place dans cette chambre forte pour garder leur or et leurs objets de valeur.
L'orfèvre a fini par louer toute la place disponible. La location lui a rapporté un petit bénéfice. Les années ont passé et le vieil orfèvre a constaté que les déposants venaient rarement chercher leurs pièces d'or et qu'ils ne venaient jamais tous en même temps. Il faut dire que les reçus faits par l'orfèvre étaient utilisés sur le marché comme s'ils étaient véritablement l'or qu'ils représentaient. Cet argent-papier était plus pratique que les lourdes pièces de métal.
Alors l'orfèvre s'est mis à prêter son or en prenant des intérêts. Comme les reçus-papier étaient de plus en plus acceptés en guise de paiement, les emprunteurs ont demandé leur emprunt sous cette forme. Aussi longtemps que les emprunts seraient remboursés, l'orfèvre ferait de gros bénéfices.
Et l'or était toujours en sécurité dans la chambre froide.
Un jour les villageois ont demandé à partager un peu les bénéfices. C'est ainsi que les banques sont nées : le banquier payait un pourcentage bas sur les dépôts et prélevait un taux plus élevé sur les prêts. La différence payait les frais de fonctionnement.

Autrefois, ma banque

Mais les banques ne fonctionnent plus du tout comme ça.  Autrefois le banquier constatait que le crédit était limité par la quantité d'or qui était dans la banque. Alors une idée géniale lui est venue à l'esprit : il pourrait prêter de l'argent garanti par de l'or... qui n'existait même pas. Aussi longtemps que les déposants ne viendraient pas tous en même temps réclamer leur or, personne ne le saurait.
Ce nouvel arrangement fonctionnait à merveille et le banquier est devenu immensément riche avec des intérêts payés sur de l'or inexistant. L'idée que le banquier puisse créer de l'argent à partir de rien était trop outrageuse.

Et puis, ce fut la crise...

Pendant longtemps personne n'a rien soupçonné mais le pouvoir de gagner tant d'argent est monté à la tête du banquier.
Bientôt l'importance des prêts et l'opulence du banquier ont suscité des soupçons. Certains emprunteurs ont demandé de l'or véritable plutôt que des chèques. Et les rumeurs se sont développées. Plusieurs déposants fortunés sont venus réclamer leur or. La fin du jeu était proche. Une foule de gens brandissant des chèques se sont rassemblés devant la porte close de la banque. Hélas, le banquier n'avait pas assez d'or pour couvrir tout l'argent-papier qu'il avait émis. Pour la première fois, il y avait une ruée sur la banque, ce qui ruina quelques banques privées et endommagea la confiance du public envers les banquiers.

On arrive à... zéro !

Il aurait été simple alors d'interdire cette pratique de créer de l'argent à partir de zéro, mais les immenses crédit, créés par les banquiers, étaient devenus nécessaires à l'expansion du commerce européen. La pratique a donc été légalisée et réglementée. Les banquiers ont accepté de créer des limites sur les montants d'argent fictif qu'ils pouvaient prêter, mais ces montants restaient bien supérieurs à la valeur de l'or resté dans leurs chambres fortes. Souvent le taux était de 9 dollars fictifs pour 1 dollar en or (c'est ce qu'on appelle la réserve fractionnelle). Petit à petit ce système est devenu la référence dans le monde et la fraction d'or qui garantissait le processus de dette est progressivement arrivée à zéro.

L'argent et les billets

La nature même de l'argent a changé. Autrefois le billet de banque était un reçu avec lequel on pouvait réclamer un poids d'or. Actuellement un dollar-papier ou un dollar-numérique peut uniquement être échangé pour un autre dollar-papier ou un autre dollar-numérique. De plus, le crédit créé par une banque privée est convertible en devises fiduciaires émises par le gouvernement comme les dollars, les livres-sterling ou les euros. Les devises fiduciaires sont des devises crées par un décret gouvernemental. Des lois en font la monnaie que les citoyens doivent accepter pour paiement. Alors, la question subsiste : si le gouvernement et les banques peuvent effectivement créer de l'argent, combien y a-t-il d'argent dans le monde ? On ne le sait pas.

L'argent-dette

Actuellement, l'argent est créé à partir de dettes.  Chaque fois que quelqu'un fait un emprunt à une banque, de l'argent est créé. Le montant n'a qu'une seule limite réelle : le montant total de la dette. Les gouvernements créent une limite légale à la création d'action fictif en imposant des règles sur les obligations de réserve fractionnelle, mais ces obligations sont arbitraires, elles varient d'un pays à un autre, d'une époque à une autre. Longtemps il a été demandé aux banques de posséder un dollar en or pour garantir 10 dollars d'argent-dette. Aujourd'hui, ce ratio ne s'applique plus du tout. Les recettes d'une banque sont faites de deux choses : les devises, bien réelles, qu'elle a déposées à la Banque Centrale, et le montant total de son argent-dette.
Petite illustration : imaginons une nouvelle banque en train de démarrer. Ses investisseurs ont fait un dépôt de réserve de 1 111,12 €. Avec le ratio de réserve de 9 pour 1, la banque peut prêter 10 000 € à son premier client. Ces 10 000 € n'existent nulle part, c'est de l'argent nouveau tout simplement versé au compte de l'emprunteur en tant que crédit. C'est de l'argent-dette. L'emprunteur peut faire un chèque pour se payer une voiture.
L'argent créé par le gouvernement représente en général moins de 5 % de l'argent en circulation. Plus de 95 % de l'argent a été créé par quelqu'un qui a signé une reconnaissance de dette à une banque. Ces crédits bancaires apparaissent et disparaissent en quantités phénoménales, tous les jours, au fur et à mesure que des prêts sont accordés ou remboursés : le montant de l'emprunt (Principal) est créé à partir de la promesse de payer de l'emprunteur. Les remboursements du Principal "défont" ce prêt qui cesse d'exister en tant qu'argent.

Tout dépend des gouvernements

Les banques ne peuvent utiliser ce genre de système qu'avec la coopérations des gouvernements.

  1. Les gouvernements passent des lois qui imposent l'utilisation de la devise nationale.
  2. Les gouvernements permettent que les crédits créés par les banques privées soient payables dans leur devise nationale.
  3. Les cours de justice gouvernementale font respecter les obligations de paiement de dettes.
  4. Les gouvernement adoptent des règlements qui assurent le fonctionnement et la crédibilité du système monétaire sans rien faire pour informer le public de l'origine véritable de l'argent.
La simple vérité : quand on signe les papiers d'un emprunt ou d'une hypothèque, la seule chose réelle est notre reconnaissance de dette. Celle-ci est reconnue par nos actifs qui seront confisqués si on ne peut pas rembourser.
Pour toute personne qui croit que nous allons honorer notre promesse, un accord de prêt ou une hypothèque est maintenant un papier échangeable, portable, vendable. Ce papier représente une forme d'argent. L'emprunteur obtient de l'argent grâce à son soi-disant prêt bancaire.
Dans le monde réel, un prêt implique que le prêteur a quelque chose à prêter. Si vous avez besoin d'un marteau, ma promesse de vous prêter un marteau que je n'ai pas, ne vous servira strictement à rien. Mais, dans le monde artificiel de l'argent, la simple promesse faite par une banque de vous prêter de l'argent est considérée comme de l'argent véritable.

Dettes perpétuelles et chaises musicales

Les banquiers créent uniquement le montant du "Principal" (ce qu'on appelle encore : capital de la dette). Ils ne créent pas l'argent qui sert à payer les intérêts. Alors, d'où vient cet argent ? Le seul endroit où les emprunteurs peuvent obtenir de l'argent pour payer les intérêts est l'ensemble des fond de l'économie générale, et tous ces fonds ont été créés de la même façon : à partir de crédits bancaires. Partout, il y a des emprunteurs qui cherchent désespérément l'argent pour payer le Principal et les intérêts. Il est impossible pour tout le monde de payer Principal + intérêts car l'argent des intérêts n'existe pas. Les risques de saisie des biens, et donc les dangers pour l'économie sont très grands. Pour que la société continue de fonctionner, le taux des saisies doit rester bas. De plus en plus d'emprunts doivent être faits pour créer l'argent qui servira à payer les dettes précédentes. Escalade exponentielle de l'endettement !
Pourquoi les taux d'intérêt sont-ils si bas ? Pourquoi recevons-nous des cartes de crédit que nous n'avons jamais demandées, et des propositions de prêts que nous n'avons pas sollicitées ? Pourquoi le gouvernement dépense-t-il plus vite que jamais ? Est-ce que ce ne serait pas pour éviter l'effondrement de tout le système monétaire ? Un effondrement n'est-il pas inévitable ? Le système bancaire est un jeu de chaises musicales. Aussi longtemps que la musique continue il n'y a pas de perdant !

Les quatre questions à se poser

Le temps est venu pour les gens de se poser quatre questions simples :
  1. Les gouvernements ont le droit de créer de l'argent. Pourquoi donc empruntent-ils aux banques privées avec intérêts, quand ils pourraient créer tout l'argent qui leur faut, sans intérêt ?
  2. Pourquoi créer de l'argent à partir du processus de dette ? Pourquoi pas créer de l'argent circulant en permanence et qui ne doivent pas sans cesse être ré-emprunté pour exister ?
  3. Comment un système monétaire fondé sur l'accélération perpétuelle de la croissance peut-il servir à construire une économie durable ?
  4. Que faut-il changer pour créer une économie durable?
De nos jours, faire de l'argent avec de l'argent est considéré comme un idéal à poursuivre. Pourquoi travailler si on peut faire travailler son argent pour soi ? Faire payer des intérêts constitue un problème d'ordre moral et d'ordre économique. On pourrait imaginer des banques-services publics qui travailleraient au service de la société, et prêteraient sans intérêt du tout.
Inutile d'essayer de bricoler le système actuel : il faut le remplacer. Mais les intérêts puissants qui, actuellement, profitent du système, feront l'impossible pour bloquer tout autre fonctionnement monétaire !
On nous a trompé : ce qu'on appelle démocratie est en réalité une forme invisable de dictature économique. Comme le disait le Président Wilson  aux USA : "Nous n'avons plus un gouvernement de libre opinion, ni un gouvernement de conviction avec vote de la majorité, nous sommes un gouvernement de contrainte par un petit groupe d'hommes dominants". Laisserons-nous faire ? 





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