Le gouvernement a fait inscrire l'expérimentation de jardins d'éveil dans la convention d'objectifs et de gestion de la Cnaf avec un crédit de 25 millions d'euros. Une présentation des modalités de l'expérimentation a été soumise à l'avis des administrateurs de la Caisse nationale d'allocations familiales. Faute d'éléments suffisants, le dossier a été reporté à la commission d'action sociale à une date ultérieure.
Mme Morano vient d'exiger que ce dossier soit réexaminé en urgence au prochain Conseil d'administration de la Cnaf, le 5 mai prochain. Il s'agit d'un véritable coup de force et d'une instrumentalisation des fonds d'action sociale de la Sécurité sociale.
De nombreux acteurs et professionnels sont défavorables au développement de jardins d'éveil dont le but non avoué est de se substituer, à terme, aux premières années d'école maternelle. Les jardins d'éveil sont le cheval de Troie du démantèlement de l'école pré élémentaire dans notre pays. Quand d'autres pays, tels la Norvège et la Suède, organisent l'équivalent de notre école maternelle pour les enfants dès la fin de leur première année et transfèrent l'accueil des jeunes enfants sur leur ministère de l'Education, la France se prépare à faire le chemin inverse : déplacer le pilotage et le financement de cet accueil, de l'Education nationale sur les communes, la Sécurité sociale et les parents.
Ce n'est pas acceptable :
- pour les enfants avec la mise en cause de la qualité de l'accueil par l'établissement des normes d'encadrement et des qualifications des personnels qui les prennent en charge,
- pour les professionnels de l'Education dont le gouvernement rêve d'économiser leurs postes,
- pour les parents qui devront payer des jardins d'éveil alors que l'école maternelle est gratuite,
- pour les communes sur lesquelles vont peser de nouvelles charges assumées par l'Education nationale jusqu'alors.
La vérité est que notre pays manque cruellement d'équipements de qualité pour accueillir les jeunes enfants dont les parents travaillent (plus de 800 000 naissances annuelles). Seuls 10 % des enfants sont accueillis dans des structures et services pilotés et organisés avec des professionnels qualifiés. Pour les autres enfants, une partie des parents est contrainte de s'arrêter de travailler, ou se tourne vers un accueil par des assistantes maternelles en gré à gré avec l'obligation de devenir l'employeur de ces salariés(es).
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