mardi 8 avril 2008

Le Président du CODEG livre son analyse

Martine Hassoun journaliste d' "Options" a interrogé M. Grenaut, ancien Directeur de Gandrange et Président du comité de défense du site.

CODEG
Un ex-dirigeant sur le pont
Alain Grenaut a fait toute sa carrière dans les plus hautes instances des groupes sidérurgiques européens. De 2002 à 2005, il a été le directeur du site de Gandrange. Il est aujourd'hui l'un des piliers de son comité de défense. Témoignage :

"Inadmissible", "inique", "d'une violence inconnue jusqu'alors". Alain Grenaut est furieux. Si rien n'est fait pour que l'aciérie et le train à billettes ne ferment, "l'un des fleurons de la sidérurgie européenne dans les produits longs" disparaîtra. Cette décision serait inacceptable. L'ancien directeur général du site de Gandrange, l'homme aujourd'hui à la retraite, ne mâche pas ses mots : "Lorsque j'ai quitté l'entreprise, en 2005, l'usine faisait des bénéfices. Nous savions que des problèmes existaient, notamment en matière de gestion des effectifs. Des plans d'embauches et de formation étaient prévus. Et puis rien. Pourquoi? Pourquoi les investissements prévus n'ont-ils pas été réalisés? Pourquoi, à partir de 2006, l'usine est-elle devenue déficitaire?" demande-t-il. "A toutes ces questions, nous attendons toujours des réponses. Mittal doit s'expliquer avant qu'une quelconque décision soit prise", ajoute-t-il.
Alain Grenaut se souvient encore de cette année 1993 où il avait assisté, impuissant, à la fermeture de la société métallurgique de Normandie, une opération que, quelques années plus tard, Francis Mer, le Pdg d'Usinor de l'époque, avait dit amèrement regretter.


Plus jamais ça, s'était -il promis à l'époque. Alors, aujourd'hui, il monte au front. Pour avoir assumé, ces dernières années, des postes stratégiques, comme ceux de directeur des statistiques, directeur de la recherche et du développement ou directeur du marketing dans l'un ou l'autre des plus grands groupes sidérurgiques européens, il dispose d'informations qui peuvent être d'un grand secours. Il les met à la disposition de ceux qui veulent pérenniser l'activité du site. Avec plus de soixante cadres, salariés ou syndicalistes de l'usine mais aussi des habitants des communes avoisinantes et des représentants des collectivités locales et territoriales de la région, il anime aujourd'hui le Codeg, le comité de défense du site de Gandrange. "Si Mittal ne revient pas sur sa décision, Saarsthal ou Ascométal qui étaient sur les rangs en 1998 pour reprendre l'usine (alors unimetal) pourraient être candidats. Il faut travailler cette piste. Ces deux groupes affichent toutes les conditions nécessaires pour assurer la prospérité des installations : ils sont de dimension européenne, disposent de centre de production à proximité et sont, eux aussi, spécialisés dans les aciers spéciaux, ce qui assure un réseau de vente efficace." Autre possibilité, explique-t-il, "que l'Etat entre dans le capital de Gandrange. Tout est possibles sauf d'abandonner l'outil ou de donner à un groupe comme Mittal, qui fait 8 milliards de bénéfices par an, 10 millions d'euros sans contreparties". Des solutions existent, il en est persuadé... Simplement reste-t-il plus discret depuis quelques jours. A la mi-janvier, invité par la CGT à une assemblée générale du personnel, il avait été ovationné. Aujourd'hui, les choses sont plus compliqués. L'éclatement de l'intersyndicale impose à l'association à laquelle il appartient de se tenir à distance des débats qui déchirent les salariés. Mais il continue, "pour l'emploi et le développement d'une entreprise qui en est digne".

Martine HASSOUN

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