mercredi 9 avril 2008

Le président n'a pas fait son devoir de politique

L'alternative d'un repreneur n'était possible que dans deux hypothèses : soit Mittal vendait Gandrange, soit Mittal se voyait contraint de vendre Gandrange.

Depuis le 28 mars 2008, le chef de l'Etat avait connaissance de la position de Mittal. Il devait donc, pour tenir ses engagements, imposer à Mittal la cession de Gandrange à un repreneur. M. Sarkozy n'a pas voulu s'opposer à la logique financière du marché ultra-libéral alors qu'il avait plusieurs leviers à sa disposition pour contraindre Mittal à vendre Gandrange. Le Président de la République pouvait utiliser le levier de la fiscalité, le levier de la future présidence française de l'Europe en harmonisant et en équilibrant la politique de l'acier entre les pays où est implanté Mittal et en refusant la délocalisation de la production, le levier du développement durable en argumentant sur le choix d'une aciérie électrique qui permet de recycler l'acier et pollue dix fois moins qu'une aciérie non électrique, le levier énergétique en favorisant des négociations avec EDF dans lequel l'Etat est majoritaire, le levier des relations et des intérêts croisés de Mittal avec EADS, société générale et d'autres sociétés industrielles...

M. Sarkozy n'a utilisé aucun de ces leviers. Il avait pourtant le pouvoir de les actionner. Mittal n'est pas Dieu. Il n'a pas tous les droits. Il n'est pas invulnérable. L'Etat peut et doit agir quand l'intérêt général et l'intérêt national est menacé. Le Président de la République a failli à sa responsabilité politique. L'histoire retiendra qu'il aura été complice de l'une des plus grandes impostures industrielles de notre pays et de l'extinction des produits longs et probablement de l'ensemble de la sidérurgie lorraine.

Aucun commentaire: