Au-delà de la question morale, que les parachutes dorés, les stock-options et autres bons posent, mettre fin à la folie de l'argent-roi devient une question de survie collective.
A partir de quel montant les "parachutes dorés" deviennent-ils contraires à l'éthique ? 13 millions d'euros, comme celui d'Antoine Zacharias, ex-patron de Vinci ? Ou seulement 3,2 millions, comme celui que Thierry Morin espérait toucher ces jours derniers alors que son entreprise, Valeo, s'apprête à supprimer 1 600 emplois ? Cela dépend, dira-t-on. Du temps, du moment, du sens du vent. Et à partir que quelle somme le salaire d'un patron devient-il "immoral" ? En 2007, les dirigeants du CAC 40 ont gagné en moyenne 4,7 millions d'euros, soit trois cents années de smic. Thierry Henry, le footballeur, n'a-t-il pas reçu 14 millions en 2006 ? font remarquer les patrons en question. Le photographe Platon, déjà, proposait un écart de 1 à 4 entre les pauvres et les riches. Au début du XXe siècle, le banquier John Pierpont Morgan préconisait un rapport de 1 à 20 le plus bas salaire d'une entreprise et celui de son dirigeant le plus haut placé. Quelques années plus tard, Henry Ford, le constructeur automobile, élargissait la fourchette de 1 à 40...
Le moteur du capitalisme est l'intérêt personnel, l'appât du gain, l'avidité, la vanité, l'égoïsme... Le capitalisme ne veut pas organiser ses limites et s'autoréguler. Les règles et les contrôles indispensables ne peuvent venir que du droit et par conséquent de l'Etat.
Il est temps, car la crise financière, économique et sociale que nous traversons s'en ajoute une autre, tout aussi redoutable, la crise écologique et environnementale. Exaltant les désirs individuels au détriment de l'intérêt collectif, la compétition au préjudice de la coopération, notre modèle économique repose sur le déni des contraintes naturelles. Nous vivons comme si les ressources de la planète étaient infinies, dans le développement sans frein de besoins de plus en plus artificiels et le leurre d'une croissance sans limite. Au-delà de la question morale, mettre fin à la folie de l'argent-roi devient ainsi une condition de survie collective. "Quand le dernier arbre aura été abattu, disait à l'aube du XXe siècle le chef apache Geronimo, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l'argent ne se mange pas...".
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