lundi 6 avril 2009

Des revenus exorbitants jusqu'à l'écœurement


Plus on se penche sur les inégalités de salaire, plus ça donne le vertige. Ça commence en douceur. Même pas un écart entre 1 à 3 entre le salaire moyen des 10 % les moins payés et celui des 10 % les mieux payés, selon l'INSEE. Mais au sein des 10 %, les mieux lotis, la "moyenne" aplanit les pics. Les 1 % les mieux payés gagnent, eux, déjà en moyenne 10 fois le SMIC. Après, on change carrément de dimension. En 2007, les patrons du CAC 40 ont perçu en moyenne 2,26 millions d'euros de rémunération (salaire fixe + bo-nus variable), soit 150 fois le SMIC. En haut de classement, Bernard Arnault (LVMH) et Jean-Paul Agon (L'Oréal), avec respectivement 4,2 millions et 4,06 millions, en sont à 280 et 270 fois le salaire minimum. Si l'on intègre les stock-options, les actions gratuites et tout le reste, ces messieurs s'adjugent de 300 à 1 200 fois le SMIC par an. S'agit-il de rémunérer les talents ? Ceux qui sauvent des vies et font progresser le champ des connaissances ne bénéficient pourtant pas de la même attention. En fin de carrière, un praticien hospitalier à plein temps ou un directeur de recherche au CNRS se contente de 75 000 à 90 000 euros par an, soit 5 à 6 fois le SMIC. Et l'on peut douter du génie de ces petits maîtres qui n'ont que le profit pour boussole et viennent par leur cupidité et leurs insuffisances d'ébranler le système même qui les nourrit. Tout en espérant faire éponger les conséquences par les salariés.
Mais là, trop, c'est trop ! Un peu partout resurgit l'idée, pas très nouvelle en fait, d'y mettre bon ordre. En instaurant un écart maximum au sein de l'entreprise entre le salaire de l'employé de base et celui du patron, comme le prônait au début du XXe siècle John Pierpont Morgan, fondateur de la banque du même nom : 1 à 30, c'était son dernier mot ! En décrétant un "Smax", un salaire maximum, sorte de pendant au SMIC, mais cette fois vers le haut. Barack Obama souhaite ainsi que les patrons des entreprises aidées par l'Etat se contentent d'un salaire annuel de 390 000 euros, maximum. Et si les Etats faisaient tout simplement jouer leur pouvoir de lever l'impôt ? Pour instaurer un revenu maximum (salaire, bonus et tout le reste), il suffit de taxer tout ce qui dépasse par un impôt sur le revenu progressif. C'est ce qu'ont fait sans complexe les Etats-Unis en 1942. Au-delà de l'équivalent de 246 000 euros d'aujourd'hui, ce qui équivalait à 25 fois le salaire minimum, la tranche de revenu supplémentaire était taxée à 88 %. De 1944 à 1964, ce taux d'imposition de la tranche supérieure de revenu est resté supérieur à 90 %. Et on trouvait toujours des "talents" pour diriger les entreprises !

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