lundi 6 avril 2009

Fermeture définitive de l'aciérie de Gandrange : les vérités qu'il fallait dire le 31 mars

La CGT l'a fait :


L'aciérie, c'était d'abord des hommes et des engagements

C'est avec beaucoup d'émotion mais aussi avec beaucoup de révolte et de colère qu'au nom des salariés de Gandrange, la CGT a décidé d'organiser un rassemblement le 31 mars 2009.
Pour la CGT, cette journée n'est pas une journée de deuil de cette aciérie. C'est une journée qui sera marquée par l'imposture et la trahison de deux hommes. Lakshmi Mittal, président du groupe ArcelorMittal et 4ème fortude du monde et Nicolas Sarkozy, président de la République.
En effet, l'aciérie de Gandrange a été l'une des plus puissantes en Europe. Pendant plus de 40 ans, c'est 60 millions de tonnes d'acier qui a été produit ici. Elle a permis, durant ces décennies, de faire travailler et vivre des milliers de personnes dans le bassin. L'aciérie de Gandrange ne produira plus pour l'automobile, la construction. Les choix financiers de Mittal, soutenus par Nicolas Sarkozy, enon décidé autrement.
Oui, la CGT l'affirme encore aujourd'hui. Cette aciérie était viable. Elle avait des atouts et les salariés l'ont démontrés. Bien sûr, les cadences étaient infernales, les récupérations difficiles avec parfois une vie de famille désorganisée parce que la priorité était de produire. Souvenez-vous, il n'y a pas très longtemps, les aciéristes ont fait la une des journaux. Ils venaient de pulvériser le record du monde du nombre de coulées pour une aciérie électrique : 30 coulées par jour.
Alors non, Mr Sarkozy, ce qui se tient ici, ce n'est pas un four comme vous l'avez prétendu le 5 février 2009 devant des millions de téléspectateurs, un four où l'on cuit un gâteau, un poulet, une pizza. C'est une aciérie électrique qui produit un million de tonnes d'acier avec cuves, station d'affinage, coulées continues et surtout des centaines d'hommes et de femmes d'ArcelorMittal, mais aussi des intérimaires, des sous-traitants qui, grâce à leur travail, leurs efforts, ont permis au groupe d'engranger des milliards de profits, et d'annoncer des bénéfices records.
Combien de salariés sont sortis usés, fatigués, malades à en mourir de cette aciérie. Combien de souffrances et d'angoisses derrière toutes les suppressions d'emplois. Combien de drames humains se profilent à l'horizon avec des reclassements qui piétinent aujourd'hui et qui s'annoncent de plus en plus difficiles.
Alors oui, la colère exprimée par la CGT et les salariés est légitime. Légitime parce que Mr Mittal disait à l'occasion de sa visite en avril 2006 que les installations de Gandrange avaient la capacité à bien produire. Il s'est dit impressionné par le fonctionnement de ces installations. L'espoir que Mr Mittal avait entretenu lorsqu'il présentait Gandrange comme un outil moderne, compétitif et dont il dégageait une certaine fierté n'était qu'un leurre. Tout cela n'était que du baratin. Il voulait seulement asseoir sa suprénatie dans la sidérurgie mondiale avec l'objectif de l'OPA sur Arcelor.

L'aciérie, c'était des profits


Mittal préparait le massacre de l'emploi, le gel des salaires avec comme seul objectif, le partage des richesses avec des pluies de dividendes versées aux actionnaires. Mittal se gargarise des résultats et il goinfre ses actionnaires. Il joue l'emploi contre les dividendes. 21 milliards d'euros de bénéfices 
réalisés depuis 2006. Plus de 6 milliards pour les actionnaires et rien pour les salariés, rien pour l'investissement nécessaire dans l'aciérie de Gandrange. 8 milliards d'euros de bénéfices en 2007 et en même temps, dès janvier 2008, Mittal annonce la fermeture de Gandrange avec 575 suppressions d'emplois, sans compter les conséquences sur l'emploi des sous-traitants, des intérimaires, mais aussi l'impact sur les communes avoisinantes. Mais qu'a donc fait Nicolas Sarkozy pour empêcher cela ? Rien. Exactement la même chose qu'aujourd'hui pour les salariés de Total, de Continental, de Caterpillar, etc... des groupes qui font des milliards d'euros de bénéfices et qui suppriment des milliers d'emplois. Pourtant, à l'entendre aujourd'hui, on croirait qu'il ne fait pas partie de cette caste de l'argent, méprisante et arrogante envers les salariés, caste dans laquelle il se retrouve avec tous les grands patrons des plus grands groupe au monde et avec Mr Mittal.
Alors oui, d'un côté il y a ces gens là, les actionnaires qui s'octroient au nom de la rentabilité de leur investissement un droit de vie et de mort sur les entreprises, et, de l'autre, des salariés cueillis par des vagues de suppressions d'emplois et de licenciements. Les premiers touchés sont les intérimaires, virés comme 
des kleenex. Ils servent de variable d'ajustement des effectifs. La Direction d'ArcelorMittal à Gandrange les utilisait dans l'illégalité. Certains avec un contrat reconduit tous les mois, travaillaient d'abord à l'aciérie, puis au train à billettes, puis sur le laminoir à courronnes et barres durant 24, 25, 26 mois. Ils remplaçaient des salariés qui n'étaient même plus inscrits aux effectifs de Gandrange. Afin de les faire taire, la Direction leur promettait l'embauche en CDI. Aujourd'hui, ils sont chômeurs. Jetés comme des kleenex alors qu'ils méritent le respect et le droit à un travail digne et reconnu. Une centaine à Gandrange ont été remerciés ainsi.
Le plan concocté par Mittal et approuvé par Sarkozy devait être exemplaire. Il n'y aura aucun licenciement clamaient-ils. Un mensonge de plus à mettre à l'actif des deux hommes. C'était oublier volontairement les conséquences sur les sous-traitants. Rien ne leur aura été épargné et tout leur a été imposé. La pression sur les coûts et le chantage au changement de sous-traitants étaient la règle. Les salariés de ces entreprises voyaient leurs conditions de travail et d'emploi se dégrader de plus en plus. La stratégie d'ArcelorMittal Gandrange visait à externaliser tous les risques de santé et de sécurité en transférant sa responsabilité sur ces entreprises et surtout sur leurs salariés. Ils ont été les vassaux de Mittal.

C'est des licenciements et des promesses non tenus

Aujourd'hui, ces salariés paient aussi la note. Ils continuent à être oubliés. Pourtant, plusieurs entreprises qui travaillent sur le site de Gandrange depuis plusieurs années, ont annoncé la couleur :

Multiserv a viré une centaine d'intérimaires, licenciés 7 salariés, 70 à 80 salariés restent dans l'incertitude de garder leur emploi, aucun reclassement n'est prévu et des chantiers à Florange et Hayange sont fortement compromis.

ABServe, 17 licenciements

EMI, 14 licenciements

FIMRJ, 9 licenciements

Sotrasi, 22 licenciements

TFN, 5 licenciements

Fusiref, 5 licenciements

ISS, 7 licenciements

La liste doit être encore plus longue. C'est plus de 60 sous-traitants qui travaillent sur le site.
Pour les salariés d'ArcelorMittal Gandrange le bilan des reclassements n'est pas idyllique comme le laisse entendre la Direction d'ArcelorMittal. Elle prétend que, pour 80 % des salariés, une solution a été trouvée. Pour la CGT, c'est faux et mensonger. Elle manipule les chiffres pour présenter un bon bilan et faire croire ainsi que les engagements pris par Mittal et Sarkozy sont respectés.
Pour la CGT, le bilan est catastrophique. Les chiffres sont là, têtus pour démontrer la supercherie. L'aciérie de Gandrange comptait 339 salariés. 63 d'entre eux sont concernés soit par un départ en retraite, soit par une mesure e temps partiel de fin de carrière, un dispositif obtenu par la lutte des aciéristes avec la CGT en mai 2008, 13 ont choisi un reclassement en dehors du groupe. Sur 263 aciéristes à reclasser aujourd'hui, 46 seulement ont leur mutation en poche, ne sont plus dans les effectifs de Gandrange (26 à Florange, 18 au Luxembourg, 1 au LCB et 1 à Gepor), 64 aciéristes n'ont aucune proposition d'emploi.
Pour le reste, la Direction du site entretient le flou avec une multitude de chiffres concernant les OVE données, les OVE transmises, les OVE en attente, les OVE en cours, les OVE acceptées, les détachements. Tout cela participe à la confusion, et pour cause.
Le 17 mars 2009, lors de la commission de suivi du plan appelé "sauvegarde de l'emploi", Mr Schummers, directeur de Gandrange et Mr Fauville, directeur des affaires sociales ont reconnus pour la première fois que les emplois proposés dans le plan du 30 mai 2008 pour Gandrange ne sont plus d'actualité. Certains ont été supprimés. Nous sommes dans un contexte différent ont-ils ajouté. En clair, pour la CGT, les engagements pris ne seront jamais respectés et les propos tenus par le groupe affirmant qu'il y avait plus d'emplois disponibles pour les salariés de Gandrange que de reclassements à effectuer sont tombés aux oubliettes.
Cela fait 15 mois que la fermeture de l'aciérie a été officiellement entérinée, avec un plan pensé, concocté, bien avant le 16 janvier 2008. Alors qu'on ne vienne pas nous dire aujourd'hui que la situation est devenue compliquée. Les aciéristes ne portent aucune responsabilité dans les choix voulus par Mittal et Sarkozy. Ils ont disposé d'assez de temps pour trouver une solution à tous. Si des emplois ont disparu aujourd'hui pour les aciéristes, les salariés du train à billettes qui ferment le 31 décembre 2009, comment vont-ils être traités.
Non seulement des emplois ont disparu, mais lorsqu'ils sont disponibles sur le site de Florange, c'est avec une amputation de salaire pouvant aller jusqu'à 634 euros par mois. Voilà la réalité sur les reclassements exemplaires de Gandrange.


L'aciérie, c'est une imposture et une trahison !

Alors oui, la CGT le dit : Mrs Mittal et Sarkozy se sont moqués des sidérurgistes de Gandrange. Souvenez-vous, ce 28 janvier 2008, lorsque les deux hommes se sont rencontrés pour évoquer Gandrange. C'était sûrement "le bal des faux cul". Ils ont fait leur cinéma. Chaque acteur avait un rôle bien défini pour détourner et tromper les salariés de Gandrange de la lutte qu'ils avaient engagée. Nicolas Sarkozy d'un côté et Lakshmi Mittal de l'autre, et au milieu ceux qui préféraient fermer avec Mittal, mais pas la CGT, plutôt que s'orienter vers une autre solution.
Alors, souvenez-vous le 4 février 2008, ce que disait Nicolas Sarkozy sur ce site : "L'Etat préfère investir pour moderniser le site plutôt que de donner de l'argent pour un accompagnement social" ou encore "Nous sommes prêts à mettre de l'argent pour des investissements qui auraient dû être faits sur le site et qui n'ont pas été faits", il a même proposé deux solutions :
La première : "On arrive à convaincre Mittal et on investit avec lui"
La deuxième : "Si Mittal ne veut pas, on essaie de retrouver un repreneur, et il en existe, et on investit avec lui pour laisser le site ouvert". Ensuite, il devait revenir pour annoncer la décision.
Résultat : c'est exactement l'inverse de ce qu'il a promis aux sidérurgistes de Gandrange qui s'est mis en place. Il n'y a pas d'investissement, Mittal applique son plan social et ferme l'aciérie et le TAB. Nicolas Sarkozy a bien trompé, abusé et menti aux salariés de Gandrange.
Le CGT s'adresse aux salariés de Gandrange. N'abandonnez jamais le combat que vous avez engagé à Gandrange. Continuez à faire respecter votre dignité, à vous battre pour un réel progrès social. Vous trouverez toujours la CGT à vos côtés. N'oubliez jamais qu'il  ne peut y avoir de compromis social sans lutte parce que le patronat voudra toujours imposer sa loi, celle de la rentabilité financière au détriment des besoins sociaux.

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