mercredi 7 mai 2008

Profits records et usines en déclin : ça suffit !

Dans une information nationale, les syndicats CGT du groupe ArcelorMittal, analyse la stratégie de Mittal et appel des sidérurgistes à la combattre :

Le boum de l'acier continu

La production d'acier brut s'est accrue d'environ 98 millions de tonnes en 2007, pour atteindre 1,33 milliards de tonnes.
La demande mondiale d'acier devrait continuer à progresser en 2008 tirée par la forte activité des marchés asiatiques.
L'union européenne enregistre un ralentissement de la croissance de sa production en 2007 avec 1,3% alors que la consommation réelle s'accroît de 7,1%. Cela se traduit par des importations importantes de tonnes chinoises sur le marché européen car les capacités de production disponibles en Europe se sont révélées insuffisantes.
Dans cet environnement ArcelorMittal N°1 mondial de la sidérurgie engrange des profits spectaculaires : 6,4 milliards d'euros en 2006, 7,5 milliards d'euros de résultat net en 2007.
Le groupe envisage de porter sa production d'ici quelques années de 112 millions de tonnes à 130 millions de tonnes.

Une fusion au service des actionnaires

La fusion d'ArcelorMittal a été actée en juin 2006 après le lancement d'une OPA/OPE hostile du groupe Mittal Steel sur Arcelor.
Nous savons tous par expérience qu'une fusion est une opération financière dont le but est d'augmenter la rentabilité des capitaux investis par les actionnaires en laissant de côté les intérêts des salariés, qu'une fusion est toujours synonyme de restructurations, rationalisation et fermeture de sites, et donc de pertes d'emplois.

Phase une : concentration des services

Mittal ayant préparé "son coup" depuis un an, les synergies sur les Unités de Services Partagés ont été très vite les premières mises en oeuvre. Ces concentrations concernent principalement les Ressources Humaines, les Appros/achats, la Comptabilité, les commerciaux, avec comme seul souci : optimiser les coûts. Ce sont donc des centaines d'emplois qui "passent à la trappe" !

Phase deux : restructurations industrielles

La deuxième phase consiste maintenant à réorganiser les Secteurs Industriels activités par activités, et cela à partir du nouvel "échiquier" qu'offre le plus large périmètre ArcelorMittal.
L'actualité met aujourd'hui sous les feux de la rampe la remise en cause d'une grande partie de la production de Gandrange (Produits Longs Carbone) jugé par le Groupe pas assez rentable, et du transfert de son activité en Allemagne entraînant la suppression de 595 emplois directs.

Cette annonce récente ne doit pas masquer par ailleurs des centaines d'emplois déjà effectué et en cours notamment l'informatique avec l'équivalent de 350 emplois sur 600 sous-traitants qui seront transférés en Inde, la distribution AM3S, la SMR, Tréfileurope avec la fermeture du site de Lensn, et l'annonce d'un nouveau plan de productivité sur le site des Inox Plats de Gueugnon.

Rappelons qu'avec les fermetures des aciéries d'Isbergues et de l'Ardoise, la production des Inox Plats a été rayée de la carte de France et transférée en Belgique.
La situation des Aciers pour emballage (AM Packaging) reste préoccupante et pourrait se concrétiser prochainement par des fermetures de sites (Florange ou Basse-Indre).

Une politique d'abandon récurrente des marché de la sidérurgie

Cette situation, outre les effets d'une productivité toujours plus grande pour satisfaire l'actionnaire principal découle aussi des choix stratégiques désastreux de l'ancienne direction d'Arcelor qui considérant l'avenir sidérurgique de la France en déclin et ce contrairement à toutes les expertises et statistiques mondiales à ceder à "vil prix" des pans entiers de notre industrie (Unimétal, Ascométal, Ugine savoie), à fermer des sites rentables qui seraient à ce jour très profitables comme la SMN et SOLLAC Biache.
Le plus bel exemple reste la ligne de fer blanc de Mardyck jugée la plus performante tant au niveau de la rentabilité que de la qualité, sous l'excuse qu'en France il était plus facile de fermer un site qu'en Belgique ou en Espagne.

Ce que vit Gandrange en terme de difficultés occasionnée par le renouvellement du personnel et de la perte du "savoir faire" est une réalité vécue par toutes les usines Françaises de Groupe, contrairement à nos collègues allemands ou belges, découlant de cette politique d'abandon industrielle (ex : fermeture envisagée de la phase à chaud de Florange), ainsi qu'une volonté d'externalisation maximum des métiers. Il en résulte une marche dégradée de la plupart des outils productifs, amplifiés par le manque de gros investissements pour renouveler les vieux outils de plus de 30 ans. Ex : ceux de l'an 2000 ayant été construits au Brésil.

Une autre politique sociale et industrielle est nécessaire

Pour la CGT ArcelorMittal, il y a urgence à modifier la politique du Groupe dans les cinq prochaines années. Arès il sera trop tard.
Le marché européen reste porteur et est le marché le plus rémunérateur.
Afin de répondre à cette demande croissante :

  1. il y a nécessité d'investir lourdement dans la réfection des outils principaux (hauts fourneaux, aciéries, laminoirs)
  2. réintégration d'activités sous-traitée entrant directement dans le processus de fabrication, ainsi que d'une partie de l'entretien.
  3. après 20 ans sans d'embauche, la pyramide des ages est désastreuses ! En 2012, 60% du personnel ArcelorMittal sera à la retraite; Il faut donc embaucher massivement et développer l'apprentissage, et ce de façon permanente. Cette politique d'emploi nécessite un "sureffectif" transitoire afin de dégager du personnel capable de former les nouveaux embauchés.
  4. développer le tutorat et le rendre valorisant pour les tuteurs (courbe de carrière, rémunération).
  5. modifier l'organisation du travail, arrêter les contrats altérnés 80/20 ce qui permettra de regagner du personnel sur les équipes postés et consacrer du temps à une véritable formation et reconquérir des spécialistes;
  6. mettre en oeuvre une politique sociale dynamique en concertation avec les organisations syndicales en matière de formation, reconnaissance des qualifications, bonnes rémunérations, perspectives de carrière, organisation du travail améliorant la santé et la sécurité des travailleurs, couverture sociale attrayante.
Afin de conserver les nouveaux embauchés et stopper l'hémorragie des départs volontaires.

Après les mots, il faut des actes !

Oui la France a besoin d'une sidérurgie forte, axée sur des produits haut de gamme et à forte valeur ajoutée !

Oui nos usines ont besoin de personnel qualifié !

Notre secteur "recherche et développement" (de haute qualité) peu aider au choix d'investissements dans de nouvelles technologies moins gourmandes en CO2 et moins coûteuses en entretien, en process et énergie.

Oui la France, si elle veut rester un "grand pays" doit conserver son industrie et donc sa sidérurgie !

La richesse crée doit aussi servir au développement de l'emploi et de la nation.

Avec la CGT ArcelorMittal agissons pour qu'il en soit ainsi demain. Stop à la politique de Déclin !

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